La République tchèque a vécu sa semaine la plus sèche depuis 60 ans

Photo: Barbora Kmentová

La République tchèque n’avait plus connu une sécheresse aussi intense depuis 1951. Les inondations du début du mois de juin ont maintenant laissé place à l’aridité des sols et aux fortes chaleurs sur l’ensemble du territoire. Un état d’alerte appelle les communes et les habitants à surveiller leurs comportements face à ce déficit d’eau. Une situation qui pourrait se reproduire de plus en plus fréquemment à l’avenir.

Photo: Barbora Kmentová
L’Institut météorologique tchèque n’a plus enregistré de précipitations dans la majeure partie de la Bohême depuis onze jours tandis que la Moravie du Sud n’a plus vu tomber la pluie depuis neuf longues journées. De ce fait, lors des trois premières semaines du mois de juillet, les précipitations étaient largement inférieures à la moyenne mensuelle. Une alerte face aux risques liés à la sécheresse avait été lancée la semaine dernière dans la majeure partie de la Bohême et de la Moravie du Sud. Ce signal d’alarme vient d’être étendu ce dimanche à l’ensemble de la République tchèque, si on exclut les régions montagneuses.

Certains maires craignent que la trop grande utilisation des piscines et systèmes d’arrosage puissent affaiblir les réservoirs locaux. Les communes devraient alors importer de l’eau en provenance d’autres municipalités tchèques, ou même de l’étranger.

Dans les villes, c’est avant tout le phénomène d’extrême chaleur qui inquiète. Plusieurs enquêtes scientifiques s’accordent à dire que les périodes caniculaires se ressentent plus fortement dans les aires urbaines. Les immeubles en béton, les usines et la forte concentration des hommes et des bâtiments stockent la chaleur et conduiraient à augmenter les températures de trois degrés par rapport à la campagne environnante.

Une région rurale qui subit néanmoins de plein fouet l’aridité estivale, laquelle, mêlée à la négligence humaine, peut entraîner des conséquences graves. Ainsi, l’inattention des personnes a causé 3263 départs de feu l’année dernière lors des vacances estivales. Les pompiers mettent encore une fois en garde contre ces départs de feu à l’état sauvage, et ces derniers préviennent que les campeurs ne peuvent faire du feu qu’à cinquante mètres en lisière de la forêt.

Andrea Bartůnková, une monitrice d’un camp scout dans la Vysočina en Moravie du Sud, est consciente du problème :

Photo: Kristýna Maková
« Evidemment, nous devons faire attention à ce que le feu ne soit pas fait sous les arbres, il doit aussi être assez distant des meules pour ne pas se répandre dans les buissons et les clairières. S’il y a un départ de feu, nous ne pouvons pas le laisser sans surveillance. Une seule rafale de vent suffit pour qu’il devienne incontrôlable. »

En Bohême centrale, la sécheresse commence à fissurer les sols et les agriculteurs commencent déjà à souffrir des calamités dues à la sécheresse. Certains d’entre eux projettent même de tester de nouvelles formes de culture afin de faire face à un futur de plus en plus aride. Václav Hlaváček de la chambre agraire régionale de Moravie du Sud explique ces nouvelles attentes :

« Nous devons nous concentrer sur la sélection de nouveaux génotypes qui auront les caractéristiques requises pour se nourrir avec une petite quantité d’eau. »

Selon les prévisions climatiques à long terme, la température moyenne en juillet depuis le début des années 2010 est de 23 degrés, ce qui représente une augmentation de trois degrés en 60 ans et le thermomètre pourrait encore monter de quatre degrés d’ici 2099. Les précipitations seront moins fréquentes, mais plus intenses et localisées.

Photo: Štěpánka Budková
L'ancien ministre de l’environnement du gouvernement Nečas, Tomáš Chalupa, s’inquiète face aux perspectives du réchauffement climatique:

« Des études récentes soulignent que dans un horizon de 20 à 50 ans, les deux tiers des municipalités tchèques souffriront de la sécheresse. »

Ce déficit en eau devrait pour l’heure au moins durer jusqu’à la mi-août. Une prévision inquiétante puisque les longues périodes de sécheresse sont aussi synonymes de la multiplication des maladies infectieuses.