La publicité sommée de baisser le son à la télévision

Photo: Archives de Radio Prague

Depuis le 1er juin, le volume sonore des publicités sur la télévision tchèque est encadré par la loi, imitant ainsi la réglementation en cours dans la plupart des pays européens. Les parlementaires ont ainsi répondu à une demande forte venant des téléspectateurs, qui s’était exprimée par le biais d’une pétition citoyenne. Mais comme ailleurs, d’autres étapes pourraient être nécessaires pour lutter contre ce qui est perçu comme une nuisance.

Photo: Archives de Radio Prague
Voilà certainement une bonne nouvelle pour les téléspectateurs tchèques. Le Parlement s’est soucié de leurs sursauts récurrents à l’occasion des pages de publicités, qui sont, tout le monde s’accorde à le dire, sans aucun doute trop fortes. La contestation, longtemps silencieuse, a pu récemment peser dans le débat public grâce à une pétition nationale dont le créateur, Petr Krajča, nous conte la genèse :

« Personnellement, ça me dérangeait beaucoup que rien d’ambitieux n’ait été fait sur ce sujet. Et je voyais bien qu’il n’y avait rien en préparation, que les médias n’en parlaient pas du tout, et qu’il fallait autre chose pour faire évoluer la situation. J’ai donc pensé que la meilleure idée pour faire bouger les choses était de créer une pétition sur internet, ce qui est en plus assez facile à réaliser. J’ai créé une page web spéciale, ainsi qu’une page facebook pour générer plus de trafic. Et puis petit à petit il y a eu quelques petits articles dans les médias qui parlaient de ma pétition, ce qui fait qu’elle a fini par être vue et entendue assez largement. »

Fort de 13.000 signatures engrangées, son appel a donc été entendu. La plupart des députés ainsi saisis de cette demande par leurs électeurs ont reconnu que la demande était légitime, et ont commencé à plancher sur le sujet ; c’était l’an dernier. La loi résultant de ce travail est similaire à ce qu’on trouve dans de nombreux pays européens, comme en France depuis 2010. Il s’agit de limiter le volume sonore autorisé par les publicités à un niveau correspondant au niveau moyen des émissions avant et après leur diffusion. L’idée est donc très simple : le volume sonore doit avoir une certaine continuité, sans égard pour la nature du programme diffusé. En revanche, cela donne du pain sur la planche pour l’autorité chargée de vérifier que cette loi est bien respectée, le RRTV, Conseil des diffusions radio et télévisées. Même si son vice-président Milan Bouška affirme qu’ils sont bien armés :

Milan Bouška
« Le Conseil travaille avec un logiciel spécial. Celui-ci nous permet de contrôler en direct, et 24h/24, le volume sonore des chaînes que nous contrôlons. Et il a une capacité de contrôler jusqu’à 25 programmes différents, sur huit réseaux de diffusions distincts. Les termes sont un peu plus compliqués, mais en parlant simplement, c’est ainsi que ça fonctionne. »

Et gare aux contrevenants : les amendes prévues vont jusqu’à cinq millions de couronnes. Il faut dire que les chaînes ont eu du temps pour se préparer et s’adapter à ces nouvelles contraintes: le décret a été signé mi-novembre par le président d’alors, Václav Klaus, pour une entrée en application de l’obligation le 1er juin. Dans les faits, beaucoup se sont adaptées avant même l’arrivée de cette date. David Vaníček, de la chaîne de télévision FTV Prima, affirme que la modification des habitudes s’est faite rapidement :

« Pour être conformes à la loi, nous devions moderniser nos processeurs audio, nos appareils qui permettent de contrôler le volume sonore, et nous l’avons fait. A partir de là, c’était simple : nous n’acceptions que des publicités qui répondaient aux critères imposés par la nouvelle législation, et nous ne diffusons actuellement que celles-ci. »

Photo: romexico,  stock.xchng
Mais que les téléspectateurs ne baissent pas trop vite le poing qu’ils ont levé dans cette lutte pour reprendre en main leur télécommande en toute tranquilité. Car leur combat continue : ailleurs en Europe, les résultats de telles mesures sont jugés décevants. La cause est la trop grande marge laissée aux publicitaires dans la gestion du son de leurs annonces.

Petite explication : la limitation concerne uniquement le volume sonore, qui se mesure en décibels, et qui est le résultat de l’émission de sons sur tout un panel de fréquences différentes. Or, toutes les fréquences n’ont pas le même effet.

Pour un même volume sonore total, une bande dont les sons sont concentrés sur des fréquences aïgues et limitant au minimum les fréquences plus graves et peu perceptibles par l’oreille paraîtra plus puissante qu’une autre faisant l’inverse. Les publicitaires savent en jouer, et c’est pourquoi les publicités, souvent très aïgues, peuvent paraître bien plus fortes que le reste des programmes, sans l’être au regard de la loi.