La présidence tchèque de l’Union européenne critiquée pour sa politique familiale

Photo: Commission européenne

Le Parlement européen critique dans son rapport sur la discrimination la présidence tchèque de l’Union européenne pour ses initiatives sociales. Le rapport reproche à la République tchèque d’imposer un modèle dépassé de la famille. Prague refuse cependant cette critique et la qualifie d’infondée.

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Le sommet de Barcelone en 2002 a fixé comme objectif la mise en place de structures d’accueil, c’est-à-dire d’écoles maternelles, de crèches et d’autres possibilités de garde d’enfants, pour 90% des enfants entre trois ans et en âge d’être scolarisé et aussi pour au moins 33% des enfants âgés de moins de trois ans. La présidence tchèque de l’Union européenne envisage cependant de relancer le débat sur cette question, ce jeudi à Prague, lors de la réunion des ministres européens en charge de la politique familiale. D’après le ministre tchèque du Travail et des Affaires sociales Petr Nečas, il faut se demander dans quelle mesure les objectifs formulés par le sommet de Barcelone sont réalisables :

Petr Nečas
«Il s’agit surtout d’imposer le principe du libre choix pour les familles. Chaque famille doit avoir la possibilité de décider librement si par exemple le parent qui s’occupe de l’enfant, c’est-à-dire dans la majorité des cas la mère, reprendra le travail après quelques mois seulement, ou au contraire, restera avec l’enfant à domicile pendant plusieurs années. Nous ne voulons pas pousser les familles à aucun modèle de comportement. Nous ne voulons pas imposer aux parents de rester à domicile ou de mettre leur enfant dans une crèche. Notre politique dans ce sens est très équilibrée et nous voulons créer toute une gamme de possibilités pour permettre à chaque famille de décider selon ses besoins et ses conditions concrètes.»

Les critiques estiment par contre que la République tchèque oblige les mères à rester à domicile avec leurs enfants et à renoncer à leur carrière professionnelle. Ils insistent sur la nécessité d’élargir les structures d’accueil pour les enfants d’âge préscolaire. La présidente du Lobby féminin tchèque Alexandra Jachnová Doležalová souligne que ces structures manquent beaucoup en République tchèque:

«Le nombre de crèches est très bas et il continue à diminuer. C’est dû également au manque de moyens financiers parce que les crèches ne sont financées que par les villes et les communes et ne sont pas subventionnées par l’Etat. Leur fonctionnement devient ainsi très cher et leur nombre est très bas. 25% des enfants de deux ans fréquentent déjà des écoles maternelles. Cela démontre qu’un grand nombre de parents avec des enfants de moins de trois ans aimeraient placer leurs enfants dans ce genre d’établissements.»

La critique du Parlement européen a été rejetée notamment par les eurodéputés du Parti civique démocrate, leader de la coalition gouvernementale, qui la considèrent comme une attaque politique contre la présidence tchèque de l’Union européenne. L’eurodéputée Zuzana Roithová laisse entendre qu’il pourrait s’agir même d’une espèce de revanche pour l’installation Entropa, œuvre très controversée par laquelle la Tchéquie orne pendant sa présidence le hall du Conseil de l’Union européenne. Richard Falbr, eurodéputé du Parti Social démocrate tchèque, estime en revanche que la critique du Parlement européen est tout à fait justifiée et se demande pourquoi il faudrait rouvrir un débat sur des objectifs déjà approuvés.