La nouvelle ministre de la Justice dans la tourmente pour une affaire de plagiat

Taťána Malá

A peine nommée au poste de ministre de la Justice, Taťána Malá, du mouvement ANO, pourrait être contrainte de démissionner. Elle est en effet accusée de plagiat dans la rédaction de sa thèse de doctorat, soutenue en 2005 à Brno. Une affaire embarrassante alors que la nouvelle coalition gouvernementale dirigée par Andrej Babiš doit être soumise au vote de confiance des députés ce mercredi.

Taťána Malá
« Concrètement, sur 25 pages de théorie, il y a seulement huit ou neufs pages originales », affirme l’universitaire Jan Mach, spécialiste de la question du plagiat, pour la Radio publique tchèque (Český rozhlas), qui a sorti l’affaire avant même la nomination de Taťána Malá au ministère de la Justice. Pour lui, il s’agit d’un cas très clair de plagiat, où de nombreux passages ont été recopiés mot à mot et d’autres partiellement réarrangés, notamment à partir d’un travail de recherche publié deux ans plus tôt.

La nouvelle ministre rejette toute malversation et se dit surprise qu’on aille fouiller du côté de sa thèse, vieille de treize ans et qui portait sur les conditions microclimatiques dans l’élevage des lapins. La juriste de 36 ans dit avoir la conscience tranquille, ne voit pas de raison de démissionner et prétend qu’il s’agit d’un coup monté pour nuire au nouveau gouvernement et au Premier ministre Andrej Babiš. Ce dernier, prêt à accréditer la thèse d’une campagne politique – un argument auquel il a souvent recours -, reconnaît cependant que, si la ministre a bel et bien triché, elle devra en payer les conséquences :

Andrej Babiš,  photo: Slavomír Kubeš / ČTK
« Oui, si cela est vrai, elle devra démissionner. Mais je n’ai pas discuté avec elle de cette affaire. Elle affirme que ce n’est pas vrai. C’est donc parole contre parole. Evidemment, cela va intéresser nos députés. Je croise donc les doigts pour qu’elle se défende devant eux. »

Il devra croiser très fort les doigts car l’Université Mendel de Brno a confirmé qu’il y avait bien eu plagiat de la part de M. Malá, laquelle est également soupçonnée des mêmes faits pour un travail mené à l'École supérieure paneuropéenne de Bratislava. La ministre pourrait défendre le contraire ce mardi devant les députés du groupe parlementaire ANO, tandis que la direction de son parti doit discuter de son cas dès ce lundi.

La situation est suivie de près du côté des sociaux-démocrates, partenaire du mouvement ANO dans le nouveau gouvernement nommé fin juin. Les dirigeants du parti se réunissent également ce lundi pour évoquer le cas de Miroslav Poche. L’eurodéputé était le candidat social-démocrate au poste de ministre des Affaires étrangères mais le chef de l’Etat Miloš Zeman a refusé sa nomination dans des circonstances troubles (Cf. http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/miroslav-poche-ministre-officieux-des-affaires-etrangeres). L’affaire entourant Taťána Malá doit aussi être discutée d’après Martin Netolický, vice-président de la social-démocratie :

Photo: iROZHLAS
« Quand on voit qu’on a refusé la nomination du ministre des Affaires étrangères sur la base de fausses raisons et avec des allégations trompeuses, je considère que cette affaire est bien plus grave. C’est pour cela que je pense que Mme Malá devrait démissionner d’elle-même. Si elle ne le fait pas, le Premier ministre Babiš devrait réclamer cette démission. C’est très simple ! »

La nomination de Taťána Malá au ministère de la Justice avait par ailleurs fait l’objet de nombreuses critiques de la part des partis de l’opposition. Ils lui reprochaient en particulier ses déclarations selon lesquelles elle ne verrait pas de problème au fait de mettre un terme aux poursuites judiciaires dont fait l’objet Andrej Babiš, dans le cadre de l’affaire dite du nid de cigognes.

A peine deux semaines après sa formation, la coalition gouvernementale, soutenue par le parti communiste, a donc déjà plusieurs cailloux dans sa chaussure. Mercredi, les députés doivent débattre et voter pour déterminer s’ils accordent la confiance à ce gouvernement. Andrej Babiš est toutefois optimiste. Pour lui, l’affaire Malá ne devrait pas avoir d’impact sur le vote de confiance.

Edit : la ministre a annoncé sa démission dans la soirée de lundi. Dans l'après-midi, en conférence de presse, elle avait exclu cette éventualité. Elle considère toujours que cette affaire de plagiat est une campagne politique menée à son encontre.