La nouvelle génération de Tchèques à l’étranger peu intéressée par la vie de la communauté

Photo: Martina Stejskalová

A l’occasion de la conférence « Les Tchèques de l’étranger et l’exil 1948 - 1968 » qui se tient à l’Université Charles les 16 et 17 septembre, la présidente de l’association tchèque en Belgique, Beseda, était présente... Contrairement aux autres présentations qui se concentraient surtout sur le passé et l’histoire de l’exil tchèque, Anita Březinová, elle, a décidé d’élargir les perspectives et s’est concentrée sur la jeune génération de Tchèques en Belgique et son implication dans la vie de la communauté tchèque. Pourquoi avoir choisi ce thème, c’est ce qu’elle a expliqué au micro de Radio Prague.

Anita Březinová,  photo: Martina Stejskalová
« Bien entendu, il est important de connaître notre histoire, de savoir ce qui s’est passé en 1968... Aujourd’hui, 1968, c’est de l’histoire contemporaine et c’est dans les manuels scolaires. Mais je pense que la vie de la communauté tchèque à l’étranger et surtout celle des jeunes Tchèques à l’étranger devrait être un peu modernisée. Je pense qu’il ne faut pas uniquement parler de ce qu’il y a eu mais également de ce qu’il y aura. »

La jeune génération, celle qui est née de parents tchèques en Belgique, ou même les jeunes partis faire leurs études hors de leurs frontières, ne s’intéressent guère à la vie associative communauté, ce que regrette Anita Březinová :

« Autrefois, pendant la période totalitaire, les Tchèques à l’étranger devaient être soudés. Il fallait qu’ils combattent d’une certaine façon un ennemi caché. Et c’est très bien qu’il y ait eu cette solidarité, mais aujourd’hui, avec l’ouverture des frontières, on ne peut plus demander à la jeune génération de se consacrer exclusivement à la vie de la communauté tchèque. Parce que la vie à l’étranger offre bien plus que seulement se retrouver entre soi, entre Tchèques. »

Phooto: www.ceslobe.org
L’association tchèque de Belgique, Beseda, vieille de plus de 100 ans, s’efforce d’organiser des rencontres et des événements, mais Anita Březinová reconnaît qu’attirer cette jeune génération n’est pas tâche facile. Elle le voit d’ailleurs sur sa propre fille :

« C’est vraiment difficile de les attirer : il faut toujours inventer quelque chose de nouveau et de spécial. Parce que par exemple à Bruxelles, vous avez tous les jours des vernissages, des concerts etc. Toutes les instutions ont des financements pour cela : la Maison de Prague et la représentation tchèque. Nous ne sommes qu’un élément du programme. Mais je suis contente que nos fêtes de la Saint-Nicolas par exemple attirent des Tchèques avec leurs petits enfants ou des mamans avec leurs enfants, nés en Belgique. »

Photo: Martina Stejskalová
Si elle ne parle que le néerlandais, Anita Březinová insiste encore sur le fait que la Beseda tient à rassembler les Tchèques des régions flamandes et wallones... La crise qui oppose les deux commununautés belges depuis plusieurs années a souvent forcé la comparaison avec l’expérience tchécoslovaque. Ces derniers mois, d’ailleurs, des journaux belges se sont interrogés sur les similitudes et les différences avec la séparation des Tchèques et des Slovaques en 1992. Qu’en pense Anita Březinová ?

« Quand à l’époque on parlait de la division de la Tchécoslovaquie, je n’ai jamais cru que cela arriverait. J’ai même parié une caisse de champagne, et j’ai perdu. Aujourd’hui, en ce qui concerne la Belgique, je ne ferai plus aucun pari, parce que même l’impossible est possible. En plus les Flamands et les Wallons ont encore moins de lien que nous avec les Slovaques. Mais en même temps, je pense que d’un point de vue démographique, politique et financier, il n’est pas possible que le pays se divise, ne serait-ce qu’à cause de Bruxelles. »