La nomination de Stanislav Gross a provoqué des réactions réservées

La nomination de Stanislav Gross (Photo : CTK)

Le nouveau cabinet ou, plutôt, le cabinet vieux nouveau, de Stanislav Gross se maintiendra-t-il jusqu'aux élections parlementaires régulières qui devraient avoir lieu dans deux ans à peine ? Les réponses des observateurs de la scène politique dans le pays sont rarement optimistes. Alena Gebertova.

La nomination de Stanislav Gross  (Photo : CTK)
Ce dont ce pays a besoin, c'est un gouvernement stable. Le cabinet Gross ne le sera pas, les trois partis représentés dans le cabinet Gross ne possèdant qu'une majorité fragile de 101 voix sur 200 au Parlement. C'est un constat sur lequel s'accorde l'ensemble des politologues et des commentateurs tchèques. « Je ne suppose point que le cabinet tienne jusqu'à la fin de son mandat », déclare par exemple le politologue Rudolf Kucera. Son confrère Bohumil Dolezal voit une autre menace encore pour Stanislav Gross : c'est l'aile rebelle de la « gauche cryptocommuniste » au sein de la social-démocratie, laquelle a d'ailleurs essentiellement contribué à la chute de son prédécesseur, Vladimir Spidla. Dans cette logique, le journal Lidove noviny développe l'idée que le jeune Gross aura à se consacrer, désormais, au jeu de coulisses au sein de son parti notamment.

Le journal Hospodarske noviny parle dans ce contexte des risques économiques d'un gouvernement qui s'annonce peu stable. Dans un article titré « Le marché rêve d'un gouvernement stable, Gross ne l'a pas enchanté », on peut lire : « Un cabinet qui dépend de la voix d'un seul député n'est pas stable....Ainsi il y a risque que les investisseurs étrangers préfèrent un autre pays pouvant se targuer d'une situation politique plus stable et d'une vision économique transparente ».

Jiri Hanak, dans le quotidien Pravo, évoque « les deux handicaps » de Stanislav Gross et le compare à ses prédécesseurs. Je cite : « La République tchèque a connu trois Premiers ministres : Vaclav Klaus, Milos Zeman et Vladimir Spidla. En dépit des réserves que l'on peut avoir à leur égard, force est de constater que c'étaient de fortes personnalités. Et pas seulement à cause de leur âge... Tous les trois avaient derrière eux des années de vie civique normale. La politique n'était pas leur unique profession. En revanche, Stanislav Gross n'a fait, à ce jour, que de la politique. Le second handicap, peut-on lire dans les pages du journal, c'est que Stanislav Gross n'avait pas une formation universitaire, en entrant dans la vie politique, et qu'il ne maîtrise ne serait-ce qu'une langue mondiale ».

Finalement, l'auteur de l'article émet l'idée que, malgré tout, Stanislav Gross pourra être un Premier ministre à succès... Les surprises ne sont pas à exclure.