La Justice tchèque privée par Vaclav Klaus de 32 juges pour « manque d'expérience »

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Le président tchèque a refusé, cette semaine, de nommer 32 nouveaux juges parce qu'ils n'avaient pas encore 30 ans. Selon Vaclav Klaus, ces « enfants » - comme il les a appelés plusieurs fois dans le passé - n'ont pas l'expérience requise pour assumer une telle charge. La Justice tchèque, qui comptait sur le renfort de 55 candidats pour faire face au nombre croissant de litiges, devra se contenter de moins de la moitié.

Depuis 2003, la loi stipule que l'âge minimum pour devenir juge est fixé à 30 ans. En ce sens, Vaclav Klaus, à qui la Constitution confère le droit de nommer - ou non - les juges sur proposition du ministère de la Justice, ne fait qu'appliquer strictement le texte. Seulement voilà, les candidats pas encore trentenaires sont en droit de postuler pour un poste de juge puisqu'ils ont entamé leur formation lorsque l'âge minimum requis n'était fixé qu'à 25 ans.

Chez les jeunes candidats refusés par le président, la déception est grande. Pour Bohumil Dvorak, jeune docteur en droit en attente de sa nomination, « le critère selon lequel ont été acceptés ou refusés les candidats est discriminatoire et il est certainement en conflit avec la loi. »

D'après le ministre de la Justice, Pavel Nemec, ce refus opposé par le chef de l'Etat va provoquer des retards dans les procédures et priver les citoyens du droit à un procès dans des délais raisonnables :

« Evidemment, cela va poser un problème, parce que nous n'avons pas assez de juges. A l'heure actuelle, il en manque environ 180, et nous disposons de moyens financiers pour 85 postes, et la liste présentée au président était destinée à pourvoir ces postes. »

En réaction à la décision du président de la République, les juges ont fait part de leur intention de créer un organe autonome, chargé de garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis de l'exécutif. Jaromir Jirsa est le président de l'Union des juges :

« Bien sûr, personne ne remet en cause le droit constitutionnel du président de la République de nommer les juges. En revanche, je ne peux comprendre cette décision. Il s'agit d'un geste irrationnel et sans fondement qui n'est pas dans l'intérêt de la Justice tchèque. »

Et Jaromir Jirsa d'ajouter qu'avec la Lettonie, la République tchèque est le seul pays en Europe où la nomination des juges ne dépend que d'une seule et même personne.