La garde alternée : un nouveau modèle familial qui s’impose

La garde alternée des enfants après la séparation des parents fait débat en République tchèque. Reconnue par la justice, elle n’est appliquée que dans 3% des cas de divorces : un taux que certains des parents concernés trouvent insuffisant. Un groupe de députés du Parti civique-démocrate (ODS) soutient leur initiative et propose de modifier la législation en la matière.

Photo: Archives de Radio Prague
Une semaine chez la mère, une semaine chez le père. Le système est bien connu en République tchèque et d’ores et déjà appliqué dans certaines familles séparées. Il n’empêche que dans 90% des cas, les juges confient la garde de l’enfant à la mère. « Vivre avec le père ou la mère au quotidien, c’est autre chose que de le fréquenter de temps en temps », affirment les membres de l’Association justice aux enfants (Sdružení spravedlnost dětem). Ils ont lancé, il y a quelques mois, une pétition en faveur de la garde alternée, soutenue par plus de 2 000 personnes.

Le député Pavel Staněk du Parti civique-démocrate (ODS) est l’auteur d’un amendement à la loi sur la famille. Selon cette nouvelle législation, les tribunaux devraient, en cas de divorce, automatiquement décider de la garde alternée, sauf si celle-ci n’est pas dans l’intérêt de l’enfant.

Les réactions sont mitigées. Aleš Hodina, père qui milite depuis plusieurs années pour la garde alternée de son fils, reste lui-aussi sceptique quant au changement de l’attitude des juges :

« Ce qui me gêne, c’est cette condition très vague de ‘l’intérêt de l’enfant’ qui reste dans la loi modifiée, mais qui n’est définie nulle part. »

Tomáš Mottl, vice-président de l’Union des juges, est lui aussi réservé quant à l’utilité de la nouvelle loi :

« Actuellement, lorsque les ex-conjoints se mettent d’accord sur la garde alternée, les tribunaux l’acceptent sans exception. Alors je ne pense pas que l’on puisse s’attendre à une augmentation du nombre de cas de gardes alternées après l’adoption de cet amendement. »

Václav Mertin
Et les juges tchèques d’ajouter que, d’après leur expérience, plus de la moitié des couples séparés se mettent d’accord, avant même la procédure du divorce, sur la garde de l’enfant par l’un des parents – en l’occurrence par la mère. Un stéréotype bien ancré dans l’esprit des Tchèques, semble-t-il… Le psychologue Václav Mertin, invité récemment sur le plateau de la Télévision tchèque, cherche une explication en replaçant la garde alternée dans un contexte historique :

« L’homme n’a jamais joué un rôle aussi important dans l’éducation des enfants que la femme. Mais ces derniers temps, il s’impose de plus en plus comme père, il devient plus important et de ce fait, l’importance de la garde alternée augmentera, elle aussi. Il y a un certain temps, les hommes ne se promenaient pas dans la rue avec une poussette. Aujourd’hui, cela nous paraît tout à fait normal. Alors ce sera la même chose avec la garde alternée des enfants. Il faut du temps. »

L’amendement à la loi sur la famille, relative à la garde alternée, sera soumis au vote à la Chambre des députés début 2011.