La diplomatie tchèque va protester auprès du Bélarus

Journaliste Jan Ryba, photo: MF Dnes, 21.3.2006, Dan Materna

Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, protestera auprès du Bélarus en raison d'un incident lors duquel un journaliste tchèque a été victime, dimanche, d'une agression brutale dans le centre de Minsk.

L'agression du reporter du quotidien Mlada fronta Dnes, Jan Rybar, a soulevé les protestations d'ambassadeurs de pays de l'UE au Bélarus. Le chargé d'affaires de Tchéquie, Vladimir Ruml, a estimé que le KGB, la police secrète, était à l'origine de l'attaque du journaliste et c'est dans cet esprit qu'il a informé l'ambassadrice de Lettonie qui représente au Bélarus le pays président de l'UE, l'Autriche. Le chef de la diplomatie tchèque, Cyril Svoboda, s'est déclaré très inquiet par les circonstances d'un incident qu'il considère comme très grave. Il attend encore le rapport du chargé d'affaires, mais au quotidien MF Dnes, il a d'ores et déjà confirmé qu'une protestation auprès du Bélarus allait suivre. Quant au journaliste, auquel les agresseurs ont causé un traumatisme crânien, cassé le nez et des dents, il est déjà de retour à Prague. Voici son témoignage recueilli par la Radio tchèque :

« Ce qui les intéressait le plus, c'est que c'était moi qu'ils pouvaient intimider, alors ils m'ont agressé vraiment très violemment, ils m'ont volé mon ordinateur portable et mon téléphone satellite. Non, ils ne m'ont pas pris d'argent, cela ne les a pas du tout intéressés. Ce qui m'a surtout frappé, c'est la seule phrase qu'ils ont prononcée : « où sont tes papiers ? ». Je ne peux bien sûr pas savoir si ceux qui m'ont attaqué faisaient partie des services secrets bélarusses, mais certains indices, bien qu'indirects, sont relativement nombreux pour appuyer cette hypothèse. »

Selon le chargé d'affaires Vladimir Ruml, il est très peu probable que le journaliste ait été victime d'une attaque criminelle. Il s'est fait attaquer dans un passage souterrain près de la place où une manifestation d'opposants avait lieu. Pour le reporter, le plus étonnant est qu'il ait été agressé alors que des centaines de policiers se trouvaient à proximité.

Le chargé d'affaires du Bélarus à Prague, Mikalaj Barysevic, a regretté cet incident. Au journal MF Dnes, il a affirmé que tout avait mis en oeuvre pour que la sécurité des journalistes étrangers soit assurée pendant les élections. Selon une recommandation du ministère de l'Intérieur, ils ne devaient pas s'éloigner des lieux réservés et surveillés par la police. L'agression du reporter tchèque est, selon lui, l'unique incident dont a été victime un journaliste étranger qui se soit produit pendant les élections. L'enquête menée par la police n'est pas close.

De l'envoyé spécial de la Radio tchèque à Minsk on apprend que les manifestations, quoique faibles, contre la réélection de Loukachenko, se poursuivent, malgré des arrestations. Des manifestants réunis autour d'un village de tentes ont reçu le soutien de cinq ambassadeurs de pays de l'UE, tout comme des Etats-Unis et de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. « Nous ne reconnaîtrons en aucun cas les résultats de ces élections » : c'est ce qu'a annoncé le leader de l'opposition, Alexandre Milinkevitch.