La culture des OGM recule en République tchèque

Photo: Pratheepps, CC BY-SA 2.5 Generic

La surface des cultures de maïs génétiquement modifié a presque baissé de moitié par rapport à l’an dernier, passant d’environ 1750 hectares à moins de 1000. Pour autant la République tchèque reste, avec l’Espagne et le Portugal, un pays relativement libéral vis-à-vis des OGM, avec des cultures à grande échelle et un débat public quasiment inexistant sur ce point.

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Joint par Radio Prague, Lukáš Hrábek, de la section tchèque de Greenpeace, explique ainsi qu’il n’y a pas eu de campagne sur la question des OGM depuis plusieurs années et qu’il n’existe pas en République tchèque de spécialiste du sujet. Pour l’agence de presse ČTK, il indiquait que la baisse des surfaces cultivées en OGM, constatée depuis 2008 avec à l’époque une surface cultivée maximale de plus de 8000 hectares, était selon lui la preuve de l’inutilité de ces semences. C’est dans un certain sens ce qu’explique aussi Hynek Jordán, porte-parole du ministère de l’Agriculture :

« Ces dernières années, il n’y a pas la présence d’un insecte parasite du maïs classique (mais contre lequel est résistant le maïs GM, ndlr) et donc il est possible de le cultiver. Ensuite, au niveau de l’Union européenne, il y a un changement de politique vis-à-vis du maïs GM et c’est pourquoi il est désormais plus complexe d’en importer les semences en République tchèque. Sans ces semences, il est logique que le maïs GM ne puisse pas être cultivé. Enfin, les règles ont été renforcées pour les cultivateurs utilisant des semences GM par rapport aux formes traditionnelles d’agriculture. »

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Ce renforcement des règles avait cependant été critiqué par des organisations telles que l’association agricole Pro-Bio, dont une représentante, Kateřina Nesrstová, estimait au micro de Radio Prague que le changement législatif était surtout destiné à faciliter la manipulation des OGM dans les centres de recherche.

Le maïs transgénique est le seul OGM dont la culture est autorisé à des fins commerciales dans l’Union européenne. Aussi, il n’est pas destiné à l’alimentation humaine mais au fourrage pour les animaux d’élevage. Par ailleurs, Bruxelles a autorisé au mois d’avril dernier l’importation et la commercialisation de dix-sept OGM destinés à l'alimentation humaine ou animale, une réforme que les Etats membres avaient la possibilité d’interdire individuellement.

Alors que 19 pays européens s’opposent aux cultures OGM et que le gouvernement écossais vient même de les interdire purement et simplement sur son territoire, Prague fait résolument partie de l’autre camp. Hynek Jordán explique que le ministère de l’Agriculture est favorable aux OGM dont, selon lui, « aucune étude scientifique n’a pour l’heure démontré les dangers sur la santé ». Le porte-parole ajoute qu’il n’est pas exclu que l’insecte parasite du maïs refasse son apparition. Porte-parole de la Chambre alimentaire, Dana Večeřová abondait au début de l’année pour la Radio tchèque dans le sens du ministère :

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« La République tchèque a une position plus libérale sur cette question des cultures OGM et pour notre part nous serions en faveur d’un plus large développement de ces cultures sur notre territoire. Avec ses interdictions et limitations, l’UE est à la traîne dans ce domaine et diminue inutilement sa compétitivité. Quasiment rien ne se cultive en OGM en République tchèque du fait de la pression de l’UE sur l’opinion publique. Les consommateurs sont généralement opposés sans raison aux OGM. On ne cultive pas parce que les consommateurs ne veulent pas acheter ces produits. »

« Sans raison », ce n’est certainement pas l’avis des militants écologistes, qui, pour quelques-uns d’entre eux, se mobilisent contre les OGM et contre les pratiques commerciales agressives du leader mondial du secteur, la multinationale américaine Monsanto. Pour Kateřina Nesrstová, les conséquences des OGM sur la santé et sur l’environnement ne sont pas bien connues et il conviendrait donc d’appliquer le principe de précaution.