La crise en Ukraine inquiète le Groupe de Visegrád

Kiev, photo: ČTK

Après un week-end mouvementé et marqué par des violences extrêmes entre les forces de l’ordre et les opposants pro-européens, la situation peine à se déverrouiller en Ukraine. Le Parlement ukrainien (Rada) a par exemple approuvé ce mercredi l’amnistie pour les manifestants arrêtés ces derniers mois en échange de la libération de bâtiments publics occupés par les manifestants mais ce compromis est catégoriquement refusé par les opposants. Cette situation dramatique en Ukraine, où trois opposants sont décédés, a été un des principaux sujets évoqués lors du sommet du Groupe de Visegrád à Budapest ce mercredi, où s’est rendu le nouveau premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka.

Kiev,  photo: ČTK
Après environ deux mois d’affrontements entre la police et les opposants au régime du président Viktor Ianoukovitch, le pays semble plus que jamais déchiré. Malgré la démission du gouvernement ukrainien ce mardi et l’abrogation des neuf lois répressives du 16 janvier, l’opposition continue de réclamer la convocation d’élections législatives anticipées ainsi que le départ du chef de l’Etat. Les leaders de ce ce mouvement hétéroclite, Vitali Klitchko et Arseni Iatesniouk, craignent néanmoins que l’armée ukrainienne n’intervienne pour rétablir l’ordre par la force.

A l’occasion du sommet extraordinaire du Groupe de Visegrád, qui s’est tenu ce mercredi à Budapest, les Premiers ministres des quatre pays d’Europe centrale qui en sont membres, à savoir la Hongrie, la République tchèque, la Pologne et la Slovaquie, ont appelé à une résolution politique de la crise actuelle, qui doit obligatoirement passer par un processus démocratique. Le nouveau Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka, dont c’est le premier voyage dans le cadre de ses nouvelles fonctions, a laissé savoir à l’issue du sommet :

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« Le nouveau gouvernement tchèque va accorder une importance particulière à la coopération avec le Groupe de Visegrád. Je suis persuadé que l’attitude des pays de Visegrád vis-à-vis de la crise en Ukraine devrait grandement influencer la position des hommes politiques européens et de l’Union européenne à l’égard de l’Ukraine. »

Ce mardi, Lubomír Zaorálek, le nouveau chef de la diplomatie tchèque, a évoqué lors d’un débat télévisé la défaillance des élites ukrainiennes, qui serait à l’origine de la situation critique en Ukraine. Il a également souligné le fait qu’il ne s’agissait pas d’une nouvelle Révolution orange. La situation actuelle serait beaucoup plus dangereuse, notamment en raison d’une cohésion insuffisante au sein des rangs de l’opposition. Face à cette situation précaire, le nouveau ministre des Affaires étrangères a également fait savoir :

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
« J’ai l’impression que ce qui est dangereux, c’est le point de vue qui découle simplement de l’observation. Ces commentaires laissent à penser que l’on est d’accord sur le fait qu’actuellement en Ukraine, il s’agit d’un combat lié à l’orientation du pays vers la sphère d’influence de la Russie ou vers celle de l’Occident. Et je dirais qu’il s’agit là d’un résidu de la guerre froide. Car je suis persuadé que ce déchirement en Ukraine, c’est ce qui détruit ce pays. Même si ce sont les hommes politiques ukrainiens qui sont responsables de cette situation, nous ne pouvons pas rajouter de l’huile sur le feu de cette manière. Quelle est la solution ? Nous devons prendre l’habitude de respecter le fait que l’Ukraine a besoin de ces deux relations aujourd’hui, à savoir d'une relation saine à la fois avec la Russie mais aussi avec l’Europe. Ces deux relations doivent se développer, l’une ne doit pas être choisie au détriment de l’autre. Et c’est dans le déploiement de ces deux relations qu’il sera possible de trouver une solution. »

Une partie de la communauté ukrainienne vivant en République tchèque a choisi de manifester son soutien aux opposants dans leur pays : dimanche dernier, plus de 400 personnes se sont rassemblées à cette fin sur la place de la Vieille ville, au centre de Prague. Pour le président de l’Union syndicale des Ukrainiens en République tchèque, Taras Kostyuk, le gouvernement, qui a démissionné mardi, ne prenait pas assez en compte les revendications des manifestants. Son association s’est engagée à les aider :

Kiev,  photo: ČTK
« Nous nous efforçons d’aider d’une manière ou d’une autre nos compatriotes qui protestent actuellement à Kiev. Nous faisons des collectes, qu’il s’agisse de dons d’argent ou de dons humanitaires, pour les soutenir sur place. Non pas parce qu’ils seraient pauvres ou qu’ils n’auraient pas suffisamment de financements, mais pour qu’ils sachent que les Ukrainiens en Europe et dans le monde entier les soutiennent pleinement. »

L’heure est désormais au dialogue entre le gouvernement en démission, dirigé par l’actuel vice-premier ministre Serhiy Arbuzov, et l’opposition, afin d’éviter de nouvelles violences et de trouver une solution constitutionnelle à la crise.