La Comédie française à Prague : Molière, l’Européen

Les Précieuses ridicules, photo: www.eu2008.fr

Avec la fin de la présidence française de l’UE se clôt aussi la saison culturelle française spéciale organisée notamment par l’Institut français de Prague. Et c’est avec la Comédie française qu’elle s’achèvera les 14 et 15 janvier, par la présentation d’une mise en scène moderne des Précieuses ridicules de Molière et de la pièce italienne La Festa de Spiro Scimone. Le 15 janvier sera une soirée un peu particulière puisque c’est également le jour anniversaire de la naissance de Molière. L’occasion de rendre hommage à l’auteur, comme il est de coutume à la Comédie française, ainsi que l’explique la comédienne Catherine Hiégel.

Catherine Hiégel,  photo: CTK
« Notre administratrice Muriel Mayette sera là et je crois qu’elle va dire un très beau texte d’Anouilh sur le théâtre et sur Molière. Nous dirons, nous chacun, une phrase de Molière. Je ne sais pas ce que les acteurs tchèques nous réservent. Mais c’est formidable qu’ils se mélangent à nous. Je crois que Molière est international et européen. Je crois qu’il est aimé partout. Ça a un sens très fort. Cet hommage n’est pas du tout comme nous le faisons d’habitude à Paris parce toute la troupe n’est pas là. Ce sera différent mais tout aussi fort et important. »

Vous dites que Molière est international. La pièce qui est présentée, les Précieuse ridicules, a tourné dans de nombreux pays d’Europe dans le cadre de la présidence française de l’UE. Comment cette pièce a-t-elle voyagé ? Comment a-t-elle été reçue ?

« Elle a surpris. Je pense qu’elle va surprendre. Elle a surpris dans le bon sens parce que je crois que les publics européens ont une image un peu figée de la Comédie française. Heureusement pour elle, elle vit et bouge. Je crois qu’ils attendaient une image plus conventionnelle. Mais en France aussi c’était la même chose. Ils attendent les costumes, les perruques, les éventails et ce n’est pas du tout cela. Après, je sens qu’ils rentrent très bien dans le spectacle. Mais ce n’est pas facile car il y a le problème du surtitrage, de la langue. Autant la Festa a une langue du quotidien, contemporaine et donc plus facile à surtitrer, autant les Précieuses, dans leur immense bêtise, parlent énormément, et disent la chose la plus simple avec énormément de mots. Donc la traduction d’un langage précieux, ridicule est certainement difficile. Mais quand on regarde les Précieuses ridicules par Dan Jemmet, je crois que ce qui compte le plus en France comme partout en Europe, c’est l’image, ce qu’elle raconte. C’est monté de façon très chorégraphique. C’est l’image qui l’emporte sur le texte. »

Pourriez-vous me parler de cette autre pièce, La Festa ? Cette tournée est à l’image de l’Europe puisque c’est une pièce italienne, montée par un metteur en scène bulgare...

« On commence par la Festa. L’auteur, Scimone, va venir. Je vais d’ailleurs le rencontrer à cette occasion. La Festa, c’est le père, la mère et le fils. Le père et la mère sont mariés depuis trente ans, donc vous pouvez imaginer le quotidien d’un couple de plus de trente ans. Cela se passe dans un milieu très simple, pauvre je crois. C’est le jour anniversaire des trente ans de mariage. On rentre dans l’abîme terrible du quotidien, le silence du quotidien. On voit comment les rapports des êtres se défont et ce qu’il en reste. C’est drôle et un peu dramatique à la fois. »

Retrouvez Catherine Hiégel dans la rubrique Culture de ce week-end.