La blogueuse Yoani Sánchez, invitée d’honneur du festival Jeden svět à Prague

Yoani Sánchez au festival Jeden svět, photo: Freddy Valverde

C’est son premier voyage hors de Cuba. La blogueuse et dissidente cubaine Yoani Sánchez est arrivée il y a quelques jours en République tchèque, invitée d’honneur du festival sur les droits de l’Homme Jeden svět. L’occasion pour elle de parler de la situation dans son pays, notamment lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires Etrangères Karel Schwarzenberg.

Yoani Sánchez,  photo: Kristýna Maková
A 37 ans, Yoani Sánchez est connue dans le monde entier pour son blog Génération Y dans lequel elle critique depuis 2007 le gouvernement cubain et pointe les défaillances et les absurdités du régime. Un engagement militant qui lui a vallu en 2008 le prix Ortega y Gasset dans la catégorie journalisme électronique décerné par le quotidien espagnol El Pais. Après vingt tentatives infructueuses, la réforme migratoire votée en janvier 2013 lui permet enfin de se rendre à l’étranger. Prague figure parmi les premières étapes de ce voyage, un arrêt qui semble aller de soi au vu de ses louanges pour un pays qui fait de la lutte pour les droits de l’Homme l’une de ses priorités.

« Quand beaucoup de gouvernements et de ministères des Affaires étrangères plaçaient leurs intérêts économiques dans l’île au-dessus de la défense des droits de l’Homme des Cubains, le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade tchèques ont maintenu une attitude de solidarité et d’exigence. Ils savent très bien ce que nous vivons, ils savent très bien l’importance de dire que les citoyens d’un pays sont avec nous, qu’ils ne nous ont pas abandonnés, qu’ils ne détournent pas les yeux. »

Yoani Sánchez au festival Jeden svět,  photo: Freddy Valverde
Invitée à l’occasion de la quinzième édition du festival Jeden svět, Yoani Sánchez en profite pour remettre les pendules à l’heure concernant la situation cubaine. Malgré la réforme migratoire votée en janvier 2013 qui permet dorénavant aux citoyens cubains, et notamment à elle, de voyager à l’étranger, la situation intérieure du pays n’a pas changé.

« C’est une plaisanterie que Raul Castro se présente aujourd’hui comme un homme qui ne veux rester en fonction que deux mandats. Tout le monde sait en même temps qu’il est exactement comme son frère Fidel, responsable de tout ce qui s’est passé durant les cinquante dernières années. Ce ne serait absolument pas une surprise qu’il soit encore une fois président. Le mandat de Castro est inscrit dans une lignée héréditaire et pas dans le désir des électeurs cubains. Je pense qu’il va tenter d’utiliser les cinq prochaines années pour maintenir son pouvoir et assurer son contrôle sur l’appareil politique et répressif. Pour qu’il puisse transmettre le fauteuil présidentiel de telle manière que le pouvoir militaire se maintienne au gouvernement. »

Yoani Sánchez avec Karel Schwarzenberg,  photo: Robert Janás / MZV
Dans ce contexte de fausse apparence de changement, sa visite de Prague et sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, grand défenseur des droits de l’Homme, prend une valeur toute particulière.

« Je remercie le ministère des Affaires étrangères et particulièrement monsieur Shwarzenberg pour leur accueil. Il était très intéressé et a posé des questions particulièrement sur le supposé processus de réforme en cours à Cuba et sur sa véracité. Il a exprimé sa très grande solidarité avec les forces démocratiques cubaines et a confirmé la continuation du soutien de la République tchèque aux dissidents et opposants. Globalement je pense que ma visite de Prague a été très enrichissante, car j’ai eu l’opportunité de voir ce qui se passe dans un pays qui a vécu une transition entre un régime totalitaire et la démocratie. Tout ce que j’espère c’est que je pourrai transmettre cette expérience à mes compatriotes et qu’ils viendront sur place se rendre compte par eux-mêmes. »

Pendant que Yoani Sánchez continue sa tournée mondiale, elle invite les Tchèques à se rendre à Cuba sans « les lunettes des touristes » pour y voir la réalité d’une liberté qui reste bridée par la censure et la répression, malgré les bonnes apparences que se donne le régime.