Kovy, le youtubeur tchèque le plus populaire

Youtuber Kovy, photo: YouTube

C’est le Norman ou le Cyprien local, la star tchèque de YouTube. Karel Kovář, connu sous le pseudonyme de Kovy, affiche plus de 700 000 abonnés sur le célèbre réseau social et toutes ses vidéos sont vues des centaines de milliers de fois. Le jeune homme de 21 ans, originaire de Pardubice, était récemment l’invité de Radio Prague.

Youtuber Kovy,  photo: Ondřej Tomšů
Avec sa parodie enlevée du tube planétaire Despacito, Kovy a cumulé jusqu’à présent plus de neuf millions de vues sur YouTube, presque le nombre d’habitants de la République tchèque. C’est ce qu’on pourrait appeler la gloire. Mais l’aventure a commencé il y a déjà six ans :

« Mes amis et moi étions entre l’école secondaire et le supérieur et on s’ennuyait. A cette époque, le jeu Minecraft était très populaire. On a donc commencé à filmer ce que nous faisions dans le jeu et à le publier en ligne. Cela n’intéressait personne. En fait, nous faisions ce que tout le monde faisait, on ne sortait pas du lot. Nous avons donc réalisé que nous devions faire quelque chose de différent. Nous avons donc fait des parodies et d’autres types de vidéos et les gens ont commencé à regarder. »

Kovy avec Jean-Claude Juncker,  photo: ČTK
La mayonnaise prend, à tel point que Kovy attire les publicitaires. Sponsorisé par une banque tchèque, il a pu par exemple partir réaliser des vidéos aux Jeux olympiques de Pyeongchang. Mais l’activité créatrice du vidéaste ne se résume pas à des parodies et autres facéties en ligne, toujours très bien montées, puisqu’il parle aussi parfois de politique à ses abonnés. En 2017, cela lui a valu d’être sélectionné, avec trois autres stars européennes du réseau social, pour réaliser une interview avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne…

« J’étais assez offensif je pense, pas dans le mauvaise sens du terme. J’ai essayé d’éprouver ses opinions, parce que l’Europe est vraiment une immense institution, où il est difficile de faire passer des lois. Je lui ai donc demandé si l’Europe était prête à affronter une nouvelle crise des réfugiés et je l’ai interrogé sur les relations avec la Turquie, qui est peu critiquée en Europe malgré sa dérive autoritaire […]. J’étais comme triste après cette interview parce que j’ai vraiment senti qu’il était un peu déconnecté des citoyens européens. »

La même année, Karel Kovář sort une autobiographie intitulée Ovšem (Bien sûr). Il y révèle notamment au public son homosexualité :

Kovy,  photo: YouTube
« J’étais assez surpris de voir que j’étais le seul youtubeur tchèque à faire mon coming-out, parce que je sais que je ne suis pas le seul. Les gens ont encore peur ou bien ils craignent la réaction de leurs fans. Pour moi, leurs réactions ont été géniales. J’en ai vraiment été heureux. Le débat a beaucoup avancé sur le sujet ces dernières années en République tchèque, mais je pense que beaucoup peut encore être fait. Les gens ont ici besoin de quelqu’un qui puisse en parler ouvertement. »

Un entretien avec Jean-Claude Juncker, un coming-out, ou bien un séjour en Corée du Sud, c’est intéressant mais est-ce assez pour écrire une autobiographie à l’âge de 21 ans ? Kovy a découvert qu’il avait des choses à dire :

Kovy,  photo: YouTube
« C’était une vraie aventure, parce qu’on m’a demandé de faire cela et je ne savais pas du tout sur quoi je pouvais écrire. J’ai 21 ans, je n’ai pas survécu à une guerre, je vis ma vie de privilégié ; de quoi pourrais-je parler ? Mais finalement j’ai réalisé que j’avais des histoires à raconter, qui peuvent être très ordinaires, mais c’est l’idée. Certains me voient comme quelqu’un de peu ‘humain’. Des gens me disent qu’on dirait que j’ai une vie parfaite, que je voyage… Je voulais montrer les différents aspects que je n’évoque pas habituellement. C’est un peu plus triste ou déprimant mais ils font partie de la vie de n’importe qui. »

Selon le magazine Forbes, Karel Kovář était en 2017 le neuvième Tchèque le plus influent sur les réseaux sociaux. Les parodies de Despacito peuvent mener très haut.