BD : à Prague, le 9e KomiksFEST se veut avant-gardiste

Le KomiksFEST, festival international dédié à la bande dessinée, se déroule actuellement à Prague jusqu’au 4 novembre. Pour la neuvième édition du festival, de nombreuses dédicaces par des auteurs venant du monde entier sont programmées, mais aussi des expositions, des ateliers, des projections de films, et même de la danse et de la musique. Cette programmation veut rendre compte des évolutions qui touchent un monde du neuvième art en mouvement perpétuel. Dominique Goblet, belge, et Johanna Schaible, suisse-allemande, artistes invitées au festival, nous parlent de la perception de la bande dessinée à l’heure actuelle et de leur travail.

« Le but de ce festival est de présenter la génération d’avant-garde des dessinateurs de bande dessinée, qui sont en train de chercher un nouveau langage. Ce langage est en devenir continuel puisqu’il cherche autant à renouveler l’écriture que le dessin et que les frontières sont continuellement repoussées. »

Dans la programmation du KomiksFEST, la bande dessinée est parfois liée à d’autres formes d’art comme le cinéma, la musique ou la danse. Comme l’exprime Dominique Goblet, cela rend compte d’un champ de l’art contemporain en mouvement.

Dominique Goblet,  Johanna Schaible,  'Nuit Blanche',  photo: Petr Flíček / Site officiel du KomiksFEST
« On en vient à avoir des rapports à la bande dessinée qui deviennent très plastiques, qui réfléchissent à des extensions par rapport à des expositions, alors que la bande dessinée est au départ un médium qui utilise l’espace du livre, des pages… Je pense que ça c’est la preuve que la bande dessinée n’est plus le champ unique des adolescents qui n’ont pas envie de se fatiguer en lisant des choses compliquées. La bande dessinée aujourd’hui fait partie intégrante de l’art contemporain. »

Dominique Goblet,  Johanna Schaible,  'Nuit Blanche',  photo: Petr Flíček / Site officiel du KomiksFEST
La bande dessinée, longtemps considérée comme un sous-genre, est désormais de plus en plus reconnue comme un véritable art, sujet aux évolutions et aux expérimentations. Cela se retrouve dans le travail de Johanna Schaible, qui présente au KomiksFEST une exposition intitulée « Nuit Blanche », réalisée en collaboration avec Dimitra Charamanda. Dans ces peintures et dessins, plusieurs oppositions sont visibles : noir et blanc, clair et sombre, positif et négatif. L’idée était de travailler sur ces contrastes pendant plusieurs mois et, une fois que suffisamment de dessins ont été réalisés, de les réunir dans un album afin de raconter une histoire. Le titre, « Nuit Blanche », rend bien compte de l’impression de rêve et de déconnexion avec la réalité que laissent les œuvres.

Dominique Goblet,  Johanna Schaible,  'Nuit Blanche',  photo: Petr Flíček / Site officiel du KomiksFEST
Le vernissage de l’exposition a eu lieu mercredi dernier, en même temps que celui de Dominique Goblet. Le travail des deux artistes sera visible à la mairie de la nouvelle ville (Novoměstská radnice) sur la place Charles (Karlovo náměstí) jusqu’au 11 novembre. Les œuvres présentées par la dessinatrice belge sont centrées autour de deux de ses dernières publications : un ouvrage réalisé en collaboration avec l’artiste allemand Kai Pfeiffer, Et plus si entente, et le livre Faire semblant c’est mentir. Ce dernier, dont la version traduite en tchèque vient de paraître, est inspiré de l’histoire personnelle de l’auteur et est le résultat de 12 ans de travail.

Durant ce festival, les deux artistes ont pu partir à la découverte de Prague, mais aussi du monde de l’illustration tchèque. Elles ont réalisé jeudi dernier un workshop avec les étudiants de l’Ecole d’arts appliqués de Prague, dont le travail a impressionné les deux femmes. Dominique Goblet poursuit :

Dominique Goblet,  Johanna Schaible,  'Nuit Blanche',  photo: Petr Flíček / Site officiel du KomiksFEST
« Effectivement le monde de l’illustration est certainement un champ artistique très important en Tchéquie, qui a une influence énorme le monde du livre jeunesse, sur ce qui se fait aujourd’hui. Et puis nous découvrons Johanna et moi cette école d’art où je suis venue sans la connaitre pour faire une conférence, et nous en sortons totalement abasourdies par la qualité, le niveau d’exigence incroyable et la richesse de production des étudiants, on sent une volonté de sortir des clivages. »

Le festival KomiksFEST se poursuit jusqu’au 4 novembre dans la capitale, avec notamment ce samedi une journée dédiée à la bande dessinée à la Meetfactory, dans le quartier de Smíchov.