Karin Ponties offre aux Pragois "Brutalis", un spectacle à l'imagination débridée

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"Brutalis"... le titre de la pièce présentée par la danseuse et chorégraphe française, fixée en Belgique, Karine Ponties, au festival pragois de danse moderne Tanec Praha. Brutalis comme brutal ? Non, plutôt comme brut, explique la danseuse. Pendant ce solo d'une heure, son corps n'arrête pas de se transformer : en un oiseau, un paysage, une fleur, un animal indéfinissable, un individu grotesque. Ses outils ? La lumière et l'obscurité, quelques objets, la poussière, mais surtout ses os, sa peau et ses cheveux... Si les créateurs du spectacle ont voulu parler de l'évolution accélérée d'une espèce, leur travail se prête à bien d'autres interprétations... Karine Ponties qui a emballé le public du théâtre Ponec au micro de Magdalena Segertova.

"C'est un spectacle assez difficile, parce qu'il demande beaucoup de précision et beaucoup d'abandon. C'est assez contradictoire... Si je me décale d'un centimètre, je suis hors lumière et on ne voit strictement rien : toutes les arêtes, tous les détails... En même temps, si je n'y crois pas un minimum, je crois qu'il n'y a personne qui y croit."

Ce spectacle est né de votre collaboration avec d'autres artistes : plasticiens, musiciens...

"D'abord, j'étais tombée sur le livre Gloria Lopez de Thierry Van Hasselt, qui est un dessinateur de BD d'auteur. J'étais assez touchée par l'atmosphère et surtout par les dessins. Je trouvais que c'était toujours en mouvement : il dessine un personnage, mais il arrive à saisir plein d'états d'âme très différents. Je ne le connaissais pas, je suis allée le voir. Je lui ai dit : je ne sais pas ce qu'on peut faire ensemble, mais j'aimerais qu'on entame un travail. Il a vu toutes mes autres pièces et il m'a dit ok. On s'est enfermé dans un studio, on a discuté et j'ai beaucoup posé, il a fait des dessins d'après modèle. De ces dessins est né un livre qui est sorti. Thierry travaille sur du transparent, sur du celluloïd qu'il remplit d'encre de gravure et avec du White Spirit, il creuse dedans, il dessine. Il se bat avec la matière. Le White Spirit mange la matière et lui, il lutte. C'est un travail sur la lumière. Le livre est un dialogue avec le spectacle, ce n'est pas sa description. On était une petite équipe, Florence Richard, l'éclairagiste, Thierry, le dessinateur, et Eric Domeneghtty et Wilfrid Roche qui sont plus plasticiens et constructeurs, ils ont fait la mise en espace et construit tous les petits objets, et puis le compositeur Jan Kuijken qui a créé la musique originale. Finalement, on ne sait plus qui a fait quoi, c'était tellement mêlé... On a démarré sur la poussière, la matière, le corps qui se transforme constamment et sur l'évolution, mais qui peut aussi être une régression. Maintenant, nous allons faire plusieurs tournées, on va aller à Budapest, à Bilbao..."

Auteur: Magdalena Segertová
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