Justice : guerre ouverte entre le Parquet et le ministère

La procureur générale Marie Benesova et le ministre de la Justice Pavel Nemec (à droite), photo: CTK
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Depuis de longues semaines, le conflit est latent entre le ministre de la Justice, Pavel Nemec, et la procureur générale, Marie Benesova, en poste depuis six ans. En ce début de mois de juillet, le point de non-retour semble avoir été atteint.

La procureur générale Marie Benesova et le ministre de la Justice Pavel Nemec  (à droite),  photo: CTK
« Ils ne peuvent plus travailler ensemble » : sous une photo publiée par le quotidien Hospodarske noviny, sur laquelle on voit le ministre et la procureur générale partir dans deux directions opposées, cette phrase semble bien choisie pour décrire les relations tumultueuses qu'entretiennent Pavel Nemec et Marie Benesova.

Le départ de cette dernière semble quasiment acquis si l'on en croit les commentaires dans les médias, après l'annonce faite par le ministère vendredi dernier qu'une décision devrait être prise incessament sous peu. « Elle a semé le vent et récolté la tempête », résume en substance le président de la Cour constitutionnelle, Pavel Rychetsky.

Il est vrai que Marie Benesova dit ce qu'elle pense et aime les déclarations tonitruantes. Cette attitude l'a rendue, en six années de fonction, plutôt sympatique aux yeux du public, mais les critiques lui reprochent de parler plus vite qu'elle ne pense. « Les liens entre la sphère économique et la politique communale sont complètement fous », avait-elle, par exemple, déclaré l'année dernière, avant d'ajouter que « les politiciens régionaux se comportent comme des gouverneurs », en référence aux voisins russes.

La procureur générale Marie Benesova,  photo: CTK
Le dernier exemple en date de la fougue de Marie Benesova remonte à la semaine dernière: après la diffusion par la chaîne privée TV Nova d'un reportage sur les conflits entre le Parquet et le ministère, elle a publiquement accusé le porte-parole du ministre d'avoir « acheté » le journaliste. D'abord, la procureur générale a parlé d'une somme de 50 000 couronnes, puis a ensuite évoqué la possibilité offerte au même journaliste d'obtenir des informations exclusives si son reportage était assez « critique » envers le Parquet. Seulement, ces graves accusations sont restées jusqu'à présent sans preuves et viennent détériorer une situation déjà tendue, notamment en raison de l'affaire du « Prince du Qatar », à propos de laquelle Nemec - qui est également le chef du plus petit parti gouvernemental - et Benesova s'étaient déjà verbalement empoignés. La procureur générale s'était alors opposée à l'extradition de ce ressortissant étranger, une extradition souhaitée mais finalement non obtenue par le ministère.

Ce lundi, le Premier ministre a pris la défense de Marie Benesova tout en condamnant ses dernières déclarations, qu'il a mises sur le compte de la fatigue, et a exigé que des excuses soient faites à TV Nova. Jiri Paroubek souhaite ouvrir les discussions sur son futur remplaçant, mais a indiqué la soutenir jusqu'au terme de sa mission, l'année prochaine.