Journée mondiale sans tabac : près de 80% des Tchèques pour l’interdiction de fumer dans les restaurants

Le 31 mai est la Journée internationale sans tabac. L’occasion de rappeler qu’en République tchèque le nombre de personnes qui souhaitent limiter le droit de fumer dans les lieux publics et l’interdiction de fumer dans les restaurants a considérablement augmenté ces dernières années, au grand dam de l’industrie du tabac qui a pris soin de dorer son image dans un pays ou près d’un tiers des personnes de plus de quinze ans fume.

Fumer tue ! Ce n’est pas une exclusivité. Après des décennies de tolérance, les fumeurs et les non fumeurs tchèques partagent désormais pour la majorité d’entre d’eux l’idée d’interdire de fumer dans les restaurants et les cafés. Un principe de précaution inimaginable il y a quelques années mais qui a fait son chemin dans les mentalités et qui devrait inciter le gouvernement à prendre des mesures afin de limiter la présence du tabac dans les lieux publics.

Alors qu’il y a quatre ans seulement, moins de 50% des sondés souhaitaient l’interdiction totale de fumer dans les restaurant, ils sont désormais 78%, fumeurs compris, à y être favorable. Des chiffres issus d’une étude menée conjointement par l’institut de sondage Ipsos et la FSV (Faculté des sciences sociales de l’Université Charles). Une hausse qui s’accorde avec les tendances européennes sur la question, puisque selon une étude de la Commission européenne, 60% des Européens sont favorables à des mesures rendant le tabac moins visible et moins attrayant.

Radek Jalůvka,  Denisa Kasl Kollmannová,  Mirek Slíž,  Šárka Holanová,  Václav Prchlík,   Sabina Bergerová et Tatiana Wartuschová,  photo: Markething.cz
Mais l’interdiction de fumer dans les restaurants fait craindre aux professionnels de la restauration une baisse des visites. Une idée reçue plutôt fausse. Šárka Holanová est l’une des auteurs de l’étude Ipsos-FSV :

« Selon l’enquête que nous avons réalisée, dans le cas d’une interdiction de fumer, 85% des sondés ont déclaré qu’ils iraient aussi souvent au restaurant, 11% iraient plus souvent et 5% seulement ont annoncé qu’ils iraient moins souvent. Parmi ces 5% nous estimons qu’il s’agit d’une majorité de fumeurs et que leurs déclarations ont surtout valeur de protestation. »

Sur les statistiques concernant le marché de la restauration, le spécialiste Václav Prchlík précise :

« Selon les statistiques des autres pays européens, à la suite de l’interdiction de fumer dans les restaurants, le taux de fréquentation des restaurants retrouve son niveau normal trois à quatre mois après l’entrée en vigueur de la loi. Dans certains pays, comme en Irlande par exemple, l’interdiction de fumer a fait grimper de 11% le taux de fréquentation des restaurants. »

Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
La République tchèque compte 29 % de fumeurs parmi les plus de quinze ans. Une situation qui place le pays juste au dessus de la moyenne communautaire (28%). Avec 40% de fumeurs, la Grèce est le pays où l’on fume le plus. La Suède enregistre le taux le plus bas avec 13%.

En 2011, une étude du ministère tchèque de la Santé avait en outre montré que les soins de santé liés à l’usage actif ou passif du tabac coûtaient environ 6 milliards de couronnes mais en apporterait au budget de l’Etat près 60 milliards. Une balance financière qui explique, entre autre, les raisons du manque de volonté politique à prendre des mesures ciblant les consommateurs et les industriels. Après huit années de refus, la République tchèque s’est décidée de ratifier en mai l’Accord international sur le contrôle du tabac.