Jiří Menzel, invité d’honneur du premier Festival du film tchèque à Nice

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Ce vendredi début à Nice un tout nouveau Festival du film tchèque. Jusqu’au 23 septembre, les cinéphiles pourront assister à trois projections par jour au cinéma Le Mercury qui accueille l’événement. Stěpánka Strouhalová est l’organisatrice du festival, elle détaille pour Radio Prague la programmation de cette première édition, mais rappelle aussi comment est née l’idée de ce rendez-vous du cinéma tchèque :

« Il existait déjà à Nice un festival du film roumain et russe, mais du cinéma tchèque. Or, dans mon activité de journaliste, j’ai été amenée à rencontrer le directeur du cinéma Le Mercury. Je me suis rendu compte qu’il connaissait très bien le cinéma tchèque et un festival lui semblait une bonne idée. Mais il fallait que quelqu’un puisse l’organiser… Je ne suis pas spécialiste du cinéma, mais je me suis dit que c’était une excellente opportunité de faire connaître la culture tchèque. Depuis mon installation en France, je suis frappée par la méconnaissance de la culture tchèque : le pays est souvent confondu avec le bloc de l’Est. Quelle meilleure arme que la culture pour combattre la méconnaissance d’un pays ? »

Pour ce festival, vous avez invité une grande personnalité du cinéma tchèque, le réalisateur de la nouvelle vague tchécoslovaque, Jiří Menzel. C'est un sacré coup de pouce pour attirer le public, j'imagine…

« Jiří Menzel est très représentatif de la culture tchèque. Dans ses films, on retrouve toutes les composantes de cette culture : humour, souvent satirique, créativité, douceur, mélancolie… J’ai eu la chance de rencontrer Jiří Menzel dans mon travail de journaliste. Donc, quand je l’ai contacté pour lui proposer de participer au festival, il était enthousiaste et a immédiatement accepté de venir à Nice pour l’événement. Oui, c’est vrai, la notoriété de Jiří Menzel, une légende vivante du cinéma, est un coup de pouce qui donne au festival un caractère international et va permettre d’attirer le public. Je précise encore que c’est Jiří Menzel qui a choisi de présenter en ouverture son film préféré ‘Une blonde émoustillante’. »

Photo: Festival du cinéma tchèque à Nice
Le cinéma tchèque est surtout connu justement pour la nouvelle vague cinématographique des années 1960. Dans la programmation, vous projetez des films de cette période, mais pas seulement, dites-nous en davantage…

« Evidemment, la nouvelle vague des années 1960 a donné naissance à des films très originaux, d’un esprit libre, et qui sont devenus des classiques. Jiří Menzel, Miloš Forman et Věra Chytilová, pour les plus connus, ont réalisé à l’époque de véritables chefs d’œuvre. Mais la période précédente, la fin des années 1950, celle du poétisme cinématographique mêlant des images, des dessins et de l’art vivant, très vivante et très originale, n’a pas été oubliée. La période moderne postérieure à la révolution de velours, est représentée par le film oscarisé Kolya, de Zdeněk Svěrák, datant de 1997, et par le film de guerre de Václav Marhoul, Tobrouk, de 2008. En fait, la logique de la programmation est d’offrir au public des films de grande qualité de genres différents : comédie, drame, film de guerre, science-fiction et animation. »

Vous parlez d’animation, justement, vous rendez hommage au « Méliès tchèque », Karel Zeman, dont les films restaurés viennent de ressortir récemment en DVD et en salles françaises grâce aux éditions Malavida…

Photo: Festival du cinéma tchèque à Nice
« Karel Zeman, surnommé le ‘Méliès tchèque’, est le plus connu des cinéastes de la période du poétisme cinématographique. Il a créé un style très personnel et inimitable, admiré encore aujourd’hui par Terry Gilliam et Steven Spielberg. Il n’a pas hésité à utiliser des marionnettes et des personnes dans un même film, à utiliser des figurines en verre soufflé. Karel Zeman a réalisé quatre longs métrages inspirés des œuvres de Jules Verne et leurs illustrations originales. Il s’agit de véritables trésors du cinéma que le public doit découvrir ou redécouvrir. »

Quel est l'avenir du festival ? Est-ce que vous envisager de faire chaque année une nouvelle édition ?

« L’avenir du festival dépend évidemment du succès de la première édition. J’ai bon espoir car l’intérêt qu’ont apporté les Tchèques et les Français depuis l’annonce du festival et de sa programmation, est réel et s’affirme de jours en jours. Une des clés de son avenir est d’obtenir des financements pour sous-titres des films tchèques en français. On pourrait imaginer chaque année un festival de films tchèques récents, destinés au public français. C’est mon souhait le plus cher. »