Jean Becker : « Un ami d'enfance, ça ne s'oublie pas »

'Dialogue avec mon jardinier', photo: Studio Canal

La 42e édition du Festival international du Film de Karlovy Vary, la principale fête du cinéma dans le pays, débute vendredi 29 juin. Elle présentera au total 220 courts et longs métrages, dont une trentaine de productions ou coproductions françaises. Le film de Jean Becker « Dialogue avec mon jardinier » figure parmi les 14 films sélectionnés en compétition officielle. Il sera projeté le 1er juillet en présence du réalisateur et de l'acteur Jean-Pierre Darroussin. « Dialogue avec mon jardinier », l'histoire d'une amitié entre un peintre parisien interprété par Daniel Auteuil et un homme de la campagne (Jean-Pierre Darroussin) est une adaptation d'un roman d'Henri Cueco. Jean-Becker nous en dit plus sur son film et sur ces deux amis d'enfance qui se retrouvent, un jour, dans le centre de la France...

Daniel Auteuil,  le réalisateur Jean Becker et Jean-Pierre Darroussin,  photo: Studio Canal
«Ils sont tous les deux issus d'un même endroit. Il y en a un qui est parti à Paris, l'autre qui est resté là. Quand ils se retrouvent, ils sont très différents l'un de l'autre, mais il existe toujours entre eux une complicité qu'ils avaient quand ils étaient jeunes. C'est surtout cela que j'ai voulu montrer. D'ailleurs, je l'ai mis sur l'affiche, en disant qu'un ami d'enfance, ça ne s'oublie pas. Même après 38 ans, même si on est différent, on a toujours une complicité semblable et l'envie d'être ensemble. Quant à savoir si j'ai voulu absolument mettre en scène un peintre parisien, empreint de parisianisme et un homme plus simple, qui est un cheminot et qui est à la retraite... c'est le livre qui m'a donné envie. »

Vous évoquez aussi la situation sociale et économique de la France...

« La situation française au niveau du chômage est difficile, pour les jeunes surtout et même pour ceux qui ont fait des études. C'est pour cela que j'insiste un peu sur ce point... Vous voyez, le jardinier, c'est un homme simple, mais il se tient au courrant de la vie sociale française. Elle n'est pas très florissante en ce moment sur ce plan-là, et c'est pour cela que ce dialogue existe. Cela me touche comme cela touche beaucoup de Français. Je ne sais pas si le nouveau gouvernement va s'occuper de cette situation... »

'Dialogue avec mon jardinier',  photo: Studio Canal
Votre film est sorti le 6 juin en France. C'est un peu précoce, peut-être, d'en parler, mais quand même : pensez-vous qu'il peut être perçu différemment en France et à l'étranger ?

« Je pense que oui, ne serait-ce que par le fait qu'il y ait des dialogues qui sont, à mon avis, quasi intraduisibles. Je ne connais pas la traduction qui aura été faite pour le festival, mais il y a des choses typiquement françaises comme les moyens sociaux qu'ont les gens des chemins de fer... Des choses comme ça. Je ne sais pas comment cela se passe en Tchéquie... Le jardinier insiste par moments sur le fait qu'il a de la médecine gratuite, le dentiste gratuit... Je ne sais pas si les gens vont comprendre la situation d'un homme à la retraite qui était un cheminot avant. Certains jeux de mots vont peut-être passer au-dessus de la tête des gens. Mais je crois que sur le fond, les gens vont comprendre que la situation française n'est pas forcément étrangère à pas mal de situations dans le monde entier. »