Jánošík, le « Robin des Bois » slovaque sur les écrans

Photo: Bioscop

Jeudi sort sur les écrans tchèques, un film historique retraçant la vie et les faits d’armes de Jánošík, brigand slovaque au grand cœur. Une épopée que l’on doit à la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland et à sa fille Kasia Adamik.

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Si les Tchèques ont pour héros national le brave soldat Chveïk du roman de Jaroslav Hašek, leurs voisins slovaques, eux se réfèrent à Jánošík, sorte de Robin des Bois des Tatras qui vécut au XVIIIe siècle. D’aucuns se diront que ces deux personnages diamétralement opposés en disent long sur les caractères respectifs des Tchèques et des Slovaques...

En attendant, l’histoire de ce brigand dont la légende veut qu’il ait volé les riches pour donner aux pauvres, a déjà fait l’objet d’au moins sept adaptations cinématographiques. Pour cette nouvelle version, la réalisatrice Agniezska Holland a choisi de confier le rôle du bandit à un jeune comédien inconnu, tchèque de surcroît. Tresses en pagaille qui ne sont pas sans lui donner un petit air à la Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes, Václav Jiráček incarne un Jánošík qui cherche un sens à sa vie. Jiráček est un comédien au physique délié assez éloigné des représentations classiques évoquant un homme robuste des montagnes. Faire la part de la légende et de l’histoire, c’était justement l’objectif de la scénariste et des deux réalisatrices. Václav Jiráček :

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« Je n’ai pas vu les autres films sur Jánošík, d’ailleurs on m’a conseillé de ne pas les voir. Le scénario d’Eva Borušovičová est différent : il se concentre plus sur la personne de Janosik que les autres films qui avaient tendance à en faire un héros ou à évoquer l’aspect ‘lutte des classes’. J’ai un peu étudié son histoire pour essayer de voir les conditions dans lesquelles il a vécu. C’était des conditions plus ou moins moyen-âgeuses... »

Sept ans, c’est le temps que ce film aura pris pour voir enfin le jour. Lorsqu’il est choisi pour le rôle de Jánošík, Václav Jiráček est encore étudiant en théâtre. Il a alors 24 ans, environ l’âge de Jánošík lors de son exécution en 1713. Tourné entre 2002 et 2003, le deuxième film le plus cher de l’histoire slovaque a failli ne jamais être terminé, lorsqu’un des partenaires a jeté l’éponge, laissant l’équipe financièrement sur le carreau. Ce n’est qu’en 2008, après le ralliement d’un producteur polonais, que le film a été achevé, étonnamment, sans que le comédien principal n’ait beaucoup changé physiquement. Václav Jiráček :

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« Quand le film a été terminé, je me suis dit que ça m’était complètement égal de savoir ce que les gens en pensaient. L’important, c’était qu’il ait été achevé. Mais le résultat a comblé mes attentes. Je pense que tout est exactement comme on l’a voulu. C’est un film tout en finesse malgré des scènes très dures. »

Juraj Jánošík est né en 1688, près de Žilina dans l’actuelle Slovaquie du nord. Avant de devenir voleur de grand chemin, il a été soldat dans l’armée de la noblesse hongroise révoltée contre les Habsbourgs. Il servira dans les rangs autrichiens, puis se reconvertira dans le brigandage. Des activités qui n’ont duré que peu de temps puisqu’en 1713, il est appréhendé et condamné à une mort plus que drastique : pendu par un crochet par le flanc droit.

Les légendes autour de sa personne sont nées dès cette époque, ce que montre d’ailleurs bien le film d’Agnieszka Holland. Jusqu’à en faire un héros national pour les Slovaques et un symbole de la libération sociale et nationale du peuple. S’il pèche par un excès de longueur et un trop plein de folklore par endroits, le nouveau film qui sort sur les écrans a au moins un mérite, celui de débarrasser le personnage de tout ce balast encombrant forgé par la naissance des mythes.