Il y a 40 ans, Jan Palach s’immolait pour protester contre l’écrasement du Printemps de Prague

Jan Palach

Ce vendredi 16 janvier, 40 ans se sont écoulés depuis l’acte de protestation ultime de Jan Palach contre l’occupation du pays par les troupes soviétiques et la normalisation imposée qui allait s’ensuivre. Son geste est largement commémoré en République tchèque, d’autant que cela fera vingt ans, au mois de novembre prochain, que le régime communiste en Tchécoslovaquie est tombé. Et c’est la Semaine Palach, en janvier 1989, qui avait marqué le début de sa fin.

Photo: CTK
La Semaine Palach en janvier 1989 a commencé par une commémoration de l’autoimmolation de Jan Palach convoquée par la Charte 77, les Enfants tchèques et d’autres initiatives civiques. L’arrestation de plusieurs dissidents, dont Václav Havel et Dana Němcová, avait déclenché une vague de solidarité, se souvient cette dernière :

« Ce qui allait se produire a été une surprise très agréable, car cela a signifié une mobilisation de la société qui a cessé d’avoir peur, bref que les gens n’en pouvaient plus. »

Jan Palach
Les canons à eau n’ont pas arrêté les milliers de personnes qui se sont réunies tout au long de la semaine suivante dite Semaine Palach sur la place Venceslas, là où Jan Palach s’était immolé vingt ans auparavant. Ce jour-là, le 16 janvier 1969, l’étudiant de la Faculté des lettres Jan Palach avait acheté quatre litres d’essence dans une station située dans la rue Opletalova adjacente à la place. Peu après 14 heures, il était arrivé près de la rampe du Musée national, avait ôté son manteau, ouvert un flacon d’éther, l’avait inhalé, puis s’était aspergé d’essence avant d’y mettre le feu. Ensuite, il avait couru en direction de la statue de saint Venceslas.

Photo: Daniela Sýkorová
Avant d’être transporté à la clinique où il est mort trois jours plus tard, il a réussi à dire aux passants qu’il avait laissé une lettre sur le lieu de la tragédie. Dans celle-ci, il était écrit qu’il y avait un groupe d’étudiants réunis par leur désapprobation de l’arrêt du Printemps de Prague et de l’apathie dans laquelle la société tchécoslovaque plongeait face à la normalisation imposée. Il expliquait qu’un tirage au sort avait décidé que ce serait lui la première torche et il y formulait deux revendications essentielles qui ne lui paraissaient pas exagérées : la suppression de la censure et l’arrêt de la diffusion d’informations manipulées sur l’occupation du pays.

Cette lettre ainsi que d’autres documents inédits dont celui adressé par Jan Palach à un leader estudiantin à la faculté l’invitant à réfléchir à une éventuelle occupation des studios de la Radio tchécoslovaque à partir desquels auraient pu être diffusés des appels à une grève générale sont exposés depuis jeudi au Carolinum à Prague. S’y trouve aussi une carte postale que Jan Palach a envoyée à son ami Hubert Bystřičan et qui, selon ce dernier, facilite la compréhension de son acte :

« Un salut de la ville sur la Vltava t’est envoyé par ton Hus. »

Bien que Jan Palach ait demandé aux membres de son groupe de renoncer à suivre son exemple, vingt-neuf tentatives de suicide politique ont été dénombrés en Tchécoslovaquie communiste entre 1968 et 1989.