Homère revu et corrigé par Irina Brook

'L'Odyssée d'Homère'

C’est un voyage plein de surprises, de rires et d’astuces que nous propose la Compagnie Irina Brook dans son spectacle basé sur l’Odyssée d’Homère. La fille du célèbre homme de théâtre Peter Brook a adapté l’épopée qui est un des piliers de notre civilisation pour une petite troupe de quatre comédiens et l’a débarrassé de tout académisme. La Compagnie Irina Brook vient de donner deux représentations de cette Odyssée revue et corrigée en République tchèque. Les publics de Hradec Králové et de Prague ont longtemps applaudi les exploits de l’Ulysse en baskets et de ces compagnons. Radio Prague a rencontré trois comédiens de ce spectacle.

'L'Odyssée d'Homère'
« Une Odyssée d’après Homère » tel est titre du spectacle qui permet aux quatre acteurs d’incarner une foule de personnages et stimule avec beaucoup de légèreté et d’efficacité l’imagination des spectateurs. Raphaël Leguillon, Ysmahane Yaqini et Tony Mpoudja ont déployé dans ce spectacle leur talent et leur humour. Tony Mpoudja présente l’histoire de cette production :

Tony Mpoudja
« C’est une pièce mise en scène par Irina Brook qui existe depuis dix ans et qui a beaucoup tourné. Il y a eu des pauses et cela fait quatre ans qu’elle a recommencé à tourner. C’est une pièce pour quatre acteurs qui raconte le retour d’Ulysse vers Ithaque, pièce qui dure une heure cinq minutes et qui est donc assez courte mais où il se passe beaucoup de choses et où les personnages sont nombreux et variés. Chacun de nous joue plusieurs personnages, même l’acteur qui campe Ulysse joue le rôle de Télémaque. Donc, tout le monde joue plusieurs rôles. C’est vraiment Ithaque revisitée, version jeune, version classique…»

C’est Raphaël Leguillon qui incarne Ulysse, héros tiraillé entre la mythologie et la modernité :

Ysmahane Yaqini et Raphaël Leguillon
« Je suis toujours à cheval entre l’Ulysse de la mythologie que je dois incarner comme un guerrier. Mais en même temps je suis au départ un élève. Je dois préciser qu’au début du spectacle nous sommes des élèves, nous écoutons notre professeur qui arrive pour un cours sur l’Odyssée et la mythologie grecque et nous, nous en avons assez. Nous, nous voulons raconter l’Odyssée ‘version jeune’ comme on dit dans le spectacle. Donc il y a beaucoup d’allers et de retours entre la modernité et le passé et je dirais que l’enjeu c’est de trouver l’équilibre entre cela justement. Déjà nos costumes sont très modernes, on est habillé comme dans la vie de tous les jours. Vous voyez comment je suis habillé, c’est les baskets que j’ai dans mon spectacle, et pour mes compagnons c’est pareil. Et tout en étant dans cette modernité nous sommes des élèves qui rentrent vraiment dedans, on devient ces personnages. Nous sommes comme des enfants qui jouent à faire ça pour de vrai en fait. Et je dirais que c’est tout l’état d’esprit d’Irina Brook qui travaille à la fois sur l’enfance, le jeu, l’amusement et le vrai. »

Ysmahane Yaqini passe avec une facilité époustouflante d’un rôle à l’autre. Elle est tantôt une Circé sensuelle et perfide, tantôt une Pénélope fidèle et astucieuse, tantôt un Cyclope borné et anthropophage. Voici comment elle voit la méthode de mise en scène d’Irina Brook :

'L'Odyssée d'Homère'
« Quand il y a un texte, on en parle mais après elle le réadapte. Enfin, ça dépend parce que l’Odyssée c’est une véritable création collective qui est arrivée à nous. Nous avons lu les 24 chants de cette épopée et tous les jours Irina Brook nous disait : ‘On va travailler sur cet épisode – les Cyclopes. Donc lisez-le et improvisez-le ! C’est des jeunes qui jouent à le raconter.’ Dernièrement on a monté la Tempête de Shakespeare et on avait donc vraiment le texte de Shakespeare dont on a retravaillé certains passages. On le faisait à cinq personnages et elle a noué des liens entre les personnages. Donc on a inventé l’intérieur mais la trame et le texte de Shakespeare sont restés les mêmes. Sa méthode de travail, c’est donc beaucoup de liberté, beaucoup d’improvisation. On se réapproprie des choses. Elle fait qu’on invente autant qu’elle invente parce qu’elle nous laisse beaucoup d’espace et de liberté pour inventer. Donc, quand on parle de l’Odyssée, on improvise tous les jours. Après, il y a quelqu’un qui note tous les jours et puis on revient dessus. Ca fait des allers et retours entre le plateau et, un petit peu, la table. Irina ne travaille pas beaucoup autour de la table. »

Si vous voulez en apprendre plus sur cette production originale de la Compagnie Irina Brook, écoutez ce samedi la rubrique ‘Rencontres littéraires’.