Hausse des salaires : les médecins hospitaliers toujours en colère

Un grand nombre de médecins hospitaliers tchèques continuent de manifester leur mécontentement. Selon le mémorandum signé à la fin de l’année dernière par les syndicats et le ministère de la Santé, leurs salaires devraient être revalorisés de 6,25 % depuis le début de l’année. Or, beaucoup, notamment dans les centres hospitaliers régionaux, se plaignent de n’avoir toujours rien reçu.

En début d’année dernière, dans le cadre du vaste mouvement de protestation appelé « Merci, on s’en va », 3 800 médecins, soit près du quart du personnel soignant opérant dans les hôpitaux publics du pays, avaient menacé de démissionner et de partir exercer leurs fonctions à l’étranger si leurs salaires n’étaient pas augmentés. Finalement, un accord avait été trouvé entre les syndicats et le ministère de la Santé prévoyant notamment une revalorisation des salaires à hauteur de 6,25 %. Quelques mois plus tard, la situation n’a toutefois pas beaucoup évolué. En effet, en janvier, seuls les médecins des hôpitaux universitaires ont bénéficié de cette revalorisation. Les directions des autres hôpitaux et les régions affirment, elles, ne pas avoir les ressources nécessaires. Du coup, les représentants des syndicats ont de nouveau rencontré, mardi, le ministre de la Santé, Leoš Heger, pour faire le point sur la situation. A l’issue de cette rencontre, la présidente du Groupement syndical en charge de la santé et des soins sociaux, Dagmar Žitníková, était plutôt conciliante et mesurée dans ses propos :

Dagmar Žitníková
« Nous laissons jusqu’au 30 avril au ministre pour qu’il respecte sa promesse, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent. Les hôpitaux qui ne dépendent pas directement du ministère de la Santé n’ont pas versé à leurs employés ce qui avait été initialement promis par le ministre. Nous souhaitons faire une analyse approfondie pour savoir quel est le problème et où se trouve l’erreur. »

Le ministre estime pour sa part que l’augmentation des salaires est l’affaire des syndicats, auxquels il revient de négocier avec les directions des hôpitaux. Leoš Heger affirme que l’argent supplémentaire provenant de la taxe sur les assurances santé devrait permettre aux hôpitaux de verser à leur personnel les salaires promis :

Leoš Heger
« Nous en sommes arrivés à une situation que je qualifierais de paradoxale, à savoir que les hôpitaux universitaires reçoivent des compagnies d’assurances 2 % de plus et les hôpitaux régionaux 4,5 %. L’inflation, le développement de la médecine, le taux de TVA sont les mêmes pour ces deux types d’hôpitaux, et pourtant seuls les hôpitaux universitaires sont capables de faire face à la situation. »

Toujours selon le ministre, outre l’argent versé par les compagnies d’assurances, les hôpitaux doivent pouvoir financer la revalorisation des salaires des médecins grâce au report de certains investissements et à l’achat de matériel moins onéreux. Leoš Heger a également demandé aux régions d’aider leurs hôpitaux. Mais les régions refusent, avançant l’idée que la promesse a été faite par le ministre, et que, par conséquent, c’est à lui d’assurer le financement à la suite de l’accord passé avec les syndicats.

En attendant de trouver une solution, les syndicats devaient rencontrer le Premier ministre, Petr Nečas, ce jeudi. Mais pour l’heure, ils veulent d’abord faire preuve de patience, comme l’explique Dagmar Žitníková :

« Nous ne prévoyons aucune manifestation, notre priorité est vraiment de trouver un terrain d’entente avec monsieur le ministre. Nous voulons qu’il respecte ses engagements et fasse ce qu’il a promis. Si, malgré tout, il devait y avoir de nouvelles protestations, nous ne voulons pas qu’elles menacent les patients et gênent les gens malades qui ne sont pas responsables de la situation. »

Avant l’augmentation promise, les praticiens hospitaliers tchèques touchaient (et continuent donc pour l’heure de toucher) en moyenne un peu moins de 2 000 euros bruts par mois, heures supplémentaires comprises. Pour l’ensemble de la population tchèque, le salaire mensuel moyen brut s’élève à environ 1 000 euros.