Grenadiers, cuirassiers et autres hussards

Photo: CTK

Comme tous les premiers week-ends de décembre depuis 1998, l’association tchèque Projekt Austerlitz a organisé une reconstitution grandeur nature de la bataille d’Austerlitz. Radio Prague était à Slavkov u Brna, en Moravie du Sud, pour recueillir les premières nouvelles du front.

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« Et ce voleur de nuit alluma sa lanterne au soleil d’Austerlitz », écrivait Victor Hugo à propos de la plus célèbre des batailles menées par l’empereur Napoléon 1er. Souvent décrite comme un des plus grands succès stratégiques de l’histoire militaire, celle-ci s’est déroulée le 2 décembre 1805. Elle opposa les forces françaises à une alliance composée de l’Empire d’Autriche et de l’Empire de Russie. Cette bataille, dite des « trois Empereurs », se solda par une victoire de l’armée napoléonienne pourtant moins nombreuse.

Et Austerlitz se trouve désormais en République tchèque. Le lieu où la bataille a pris place est situé en Moravie du Sud, plus exactement à huit kilomètres de Brno, dans le village de Slavkov u Brna. Comme nous vous en avions récemment parlé, l’association Projekt Austerlitz y organise chaque année lors de son anniversaire une reconstitution du célèbre affrontement. Samedi, ils étaient donc entre 500 et 600 « reconstituants » à venir combattre pour leurs empereurs.

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La plupart des reconstituants et des spectateurs étaient tchèques. Cependant, cet événement draine tout de même un certain nombre d’aficionados de la reconstitution napoléonienne venus d’Europe. A l’aube de la bataille, parmi les étals dispensant nourriture et vin chaud, nous avons interviewé un fantassin d’origine belge :

« Mon nom de soldat est ‘caporal Lacouture’. Les surnoms viennent en général des particularités qu’on a : comme je fais la couture dans mon unité, on m’a surnommé ‘Lacouture’. Mon nom officiel est Guy Jina, je suis originaire de Belgique, et je viens participer à la reconstitution de la bataille d’Austerlitz. Ici, je représente un soldat de la ligne, c’est-à-dire un fantassin classique de la garde impériale. »

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Nous lui avons également demandé comment aller se dérouler la reconstitution et quelles règles régissent les combats :

« La reconstitution essaye de reconstituer au mieux et au plus proche la bataille telle qu’elle s’est déroulée à l’époque mais en prenant quelques raccourcis car, bien sûr, on n’a pas la journée complète comme on l’avait à l’époque. Il faut compter à peu près une heure à une heure et demie de combats. Vous allez voir différents mouvements de troupes en fonction de ce que les alliés et les troupes françaises vont réaliser. Il y a des grandes lignes puisqu’on essaye de refaire la bataille de l’époque, on va autant que faire se peut essayer d’interagir au maximum, comme à l’époque, c’est-à-dire en fonction des unités présentes, on va les faire rentrer en action de la façon la plus proche possible de ce qui s’est passé.

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Il y a des grandes lignes directrices, et ensuite il y a toujours cette part d’imprévu, ce n’est pas de l’improvisation, on s’adapte en fonction de la situation du terrain : s’il y a une unité qui est perdue plus rapidement que prévu, les autres devront s’adapter, comme à l’époque. Tous les ordres de tir sont soumis aux officiers, qui font appliquer, via des exercices avant le combat, toutes les pratiques. C’est beaucoup d’entraînement, beaucoup d’heures à s’entraîner seul, en groupe. Après, qui décide de mourir ou de ne pas mourir ? La chance. Quand on en a, on en a, quand on en n’a pas, on meurt. »

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Pendant une heure et demie, donc, les reconstituants vont s’affronter au rythme des coups de feu et des tirs de canon en lisière du village dominé par la colline du Santon. Une reconstitution très stratégique et complexe, décrite aux néophytes par un commentateur. La beauté des costumes et le réalisme des mouvements de troupes sont impressionnants quand on sait que les figurants sont avant tout des amateurs bénévoles, comme le précise le caporal Lacouture :

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« Il n’y a pas de professionnalisme dans la reconstitution, ce sont surtout des passionnés, des gens qui ont envie de vivre une époque, un style de vie. Un reconstituant essaye, au mieux, d’être tel que le soldat était à l’époque. On ne peut pas reproduire tout comme à l’époque mais on essaye de s’en approcher le plus. C’est plus une passion. On aime ça, c’est l’Histoire, ce n’est pas uniquement l’armée, mais tout ce qui tourne autour : comment vivaient les gens, aussi bien le peuple que la noblesse. C’est tout, c’est un ensemble. »

Une parenthèse hors du temps qui, grâce à l’association Projekt Austerlitz, permet chaque année à des centaines de passionnés de revivre dans les conditions d’époque un des épisodes les plus marquants de l’histoire militaire européenne.