Foot – Ligue Europa : la douce nuit du Sparta

Sparta Prague - Southampton, Bořek Dočkal, photo: ČTK

Le football tchèque aura encore un représentant sur la scène européenne au printemps prochain. Vainqueur des Anglais de Southampton (1-0) jeudi soir à Prague au terme d’un vrai beau match de coupe d’Europe, le Sparta, qui a signé son quatrième succès consécutif dans la compétition, a assuré sa qualification pour les 16es de finale de la Ligue Europa avant même la dernière journée de la phase de poules. Reportage.

Sparta Prague - Southampton,  photo: ČTK
C’est une sacrée ovation à laquelle les joueurs du Sparta ont eu droit sitôt le coup de sifflet final. Une communion avec leurs supporters qu’ils ont longuement savourée. Aussi décevant soit-il en championnat, où il occupe une cinquième place indigne de son statut et de ses ambitions, ce Sparta-là, transfiguré en Ligue Europa, a fait sacrément plaisir à voir jeudi soir. Pas tant au niveau de l’esthétisme - mais on n’en attendait de toute façon pas tant - qu’en termes d’investissement, de générosité ou encore de don de soi au service du collectif ; en somme de cœur mis à l’ouvrage. Comme quoi, la foi permet effectivement parfois de transporter les montagnes.
Sparta Prague - Southampton,  photo: ČTK

Car c’est bien une montagne, et pas un de ces monts et collines qui font le charme de la République tchèque, au pied de laquelle le Sparta se trouvait le soir du 15 septembre dernier, à l’issue de la cinglante défaite (0-3) concédée à Southampton lors de la 1ère journée. On imaginait alors bien mal les Pragois aligner quatre victoires consécutives, dont une contre l’Inter Milan (Cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/foot-ligue-europa-sparta-roulez-jeunesse), figurer en tête de leur groupe avec une confortable avance de cinq points après la 5e journée et ainsi fêter leur qualification, la troisième en quatre ans, pour les play-offs de la Ligue Europa avant même un dernier déplacement à San Siro dans deux semaines, juste comme ça, les mains dans les poches et pour le plaisir du jeu.

Pas même le gardien Tomáš Koubek, irréprochable contre Southampton, n’y croyait d’ailleurs vraiment, comme il le concédait peu après la rencontre :

Tomáš Koubek,  photo: ČTK
« Tout le monde nous avait déjà enterrés après notre défaite en Angleterre. Mais le tournant a été la victoire contre l’Inter devant notre public dès la rencontre suivante. Nous avions beaucoup d’absents, c’était notre premier match sous les ordres de notre nouvel entraîneur et l’Inter ne s’attendait certainement pas à une telle performance de notre part. La confiance emmagasinée ce soir-là nous a permis d’enchaîner avec trois autres succès. Le truc est que nous avons changé de style de jeu. Nous jouons plus bas, pressons moins nos adversaires et attendons que notre chance se présente. Et cela nous convient beaucoup mieux. »

Sparta Prague - Southampton,  photo: ČTK
La chance du Sparta jeudi soir a aussi été d’ouvrir le score dès la 11e minute par son défenseur zimbabwéen Costa à la conclusion d’une combinaison sur coup-franc joliment pensée et assurément travaillée des dizaines de fois à l’entraînement. Cet avantage au tableau d’affichage a ensuite permis aux Pragois d’abandonner la possession du ballon à une équipe de Southampton qui, pas même après la rentrée en jeu de Sofiane Boufal en deuxième mi-temps et avec les encouragements de Claude Puel sur le bord de touche, n’a toutefois jamais semblé vraiment bien savoir quel usage en faire pour inquiéter davantage la défense locale.

Et malgré une dizaine de titulaires habituels blessés et avec un banc des remplaçants composé uniquement de jeunes et même très jeunes joueurs (16 ans !) formés au club, le Sparta, à force de s’accrocher, s’est enfin imposé contre un club anglais en coupes d’Europe, sa première victoire depuis trente-cinq ans et une qualification contre le Watford d’un certain Sir Elton John… Un succès qui, surtout, permettra au Sparta, quart de finaliste de la Ligue Europa la saison dernière, de passer l’hiver en pensant aux prochaines joutes européennes qui l'attendront au printemps, comme s’en réjouit son métronome Bořek Dočkal :

Bořek Dočkal,  photo: ČTK
« Je pense que notre série et cette qualification sont presque incroyables, surtout quand on regarde les noms des équipes qui figurent dans notre groupe. Aujourd’hui, nous avons joué avec les dix derniers joueurs de champ encore valides, il n’y avait que des juniors sur le banc. C’est quelque chose que non seulement le Sparta, mais aussi tout le football tchèque, devrait savourer. »

On ne saurait dire si dans tout le petit monde du football tchèque, mais à Letná, le stade du Sparta, en tous les cas c'est sûr, l’euphorie, légitime et authentique, était presque palpable jeudi dans la jeune et douce nuit.