Fin de l’ère glacière dans les relations entre la Tchéquie et la Bavière

Horst Seehofer et Petr Nečas, photo: CTK

Pendant longtemps les relations officielles entre la République tchèque et la Bavière ont été quasiment inexistantes. La visite officielle que le premier ministre bavarois Horst Seehofer vient d’effectuer à Prague est considérée comme une impulsion pour abattre les barrières historiques qui divisaient les populations tchèque et bavaroise.

Horst Seehofer et Petr Nečas,  photo: CTK
C’est l’expulsion de 3 millions d’Allemands des Sudètes de Tchécoslovaquie au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale qui pèse lourd encore aujourd’hui sur les relations entre la Bavière et la Tchéquie. La majorité des expulsés se sont établis en Bavière et constituent toujours, avec leurs descendants, une force politique non négligeable. Ils demandent notamment l’abolition des décrets par lesquels le président tchèque Edvard Beneš a légalisé au lendemain de la guerre la perte des droits civiques et la confiscation des biens des Allemands des Sudètes en Tchécoslovaquie.

L’ancien premier ministre bavarois Edmund Stoiber se montrait très sensible à cette problématique et les relations entre la Bavière et la Tchéquie en ont beaucoup souffert malgré la disparition du rideau de fer. Son successeur actuel, Horst Seehofer, apporte cependant une nouvelle tendance dans ces rapports qui semble acceptable pour la partie tchèque. Le premier ministre tchèque Petr Nečas l’a résumé en ses termes :

« Evidemment nous n’avons pas pu éviter de constater que nous avons des points de vue différents sur certains événements du passé. Néanmoins il y a une volonté évidente d’orienter notre coopération surtout vers l’avenir. »

Horst Seehofer et Petr Nečas,  photo: CTK
Cet avis est aussi officiellement partagé par Horst Seehofer. Il s’avère d’ailleurs que la coopération économique ne s’est pas laissée influencer par les divergences politiques et historiques entre les deux pays. En accueillant Horst Seehofer à Prague, Petr Nečas a souligné l’importance de cette coopération :

« J’aimerais rappeler que la Bavière reçoit 30 % de l‘ensemble des exportations tchèques vers la République fédérale d’Allemagne. De ce point de vue elle est donc le partenaire le plus important pour l’économie tchèque dans le commerce extérieur. Je rappelle qu’à partir de 1993 la Bavière a investi en République tchèque presque 4 milliards et demi d’euros et que la Bavière est donc aussi un important investisseur dans notre pays. »

Et Petr Nečas de souligner qu’il est dans l’intérêt de la République tchèque de poursuivre cette coopération et de l’étendre aussi au niveau des petites et moyennes sociétés dans les régions frontalières dont la coopération pourrait apporter beaucoup de positif. Dans leur communiqué commun, les deux premiers ministres expriment leur volonté de renforcer la coopération dans le domaine énergétique, dans l’enseignement des langues tchèque et allemande et d’organiser en commun, dans une mesure plus importante, des programmes de recherche, des séjours d’études et des stages de fonctionnaires.

Les deux pays se proposent aussi de contribuer à la fluidité des transports frontaliers et d’harmoniser leurs activités dans les parcs nationaux. Ils promettent de mieux s’informer sur l’énergie nucléaire et aussi sur un éventuel élargissement de la centrale nucléaire de Temelín. Parmi les thèmes traités il y a eu aussi les contrôles sévères auxquels sont soumis les conducteurs tchèques en Bavière et qui, de l’avis de certains, sont discriminatoires. Le premier ministre Horst Seehofer a évoqué ce problème par ces mots :

Horst Seehofer,  photo: CTK
« J’ai proposé au chef du gouvernement tchèque que nous nous penchions sur la question de ces contrôles en tissant des liens de confiance. Mon ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il allait rencontrer son homologue tchèque dès que possible. J’ai également proposé que nous organisions des contrôles avec des équipes composées de policiers tchèques et bavarois pour renforcer la transparence et la confiance. »

La presse allemande réagit en général positivement à cette visite et la qualifie de fin de l’ère glacière et d’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations tchéco-bavaroises. Même la présidente controversée de l’Union des expulsés (BdV), Erika Steinbach, estime que cette visite a été « un moyen de rétablir la confiance.»