Fin de la présidence tchèque à l'AG de l'ONU

Jan Kavan et son successeur Jualian Hunt, photo: CTK

Fin d'une étape de la carrière du diplomate tchèque, Jan Kavan, ancien ministre des Affaires étrangères. Continuera-t-il dans la voie diplomatique ou restera-t-il simple député ?

Jan Kavan et son successeur Jualian Hunt,  photo: CTK
Jan Kavan, un ancien dissident sous le régime communiste, ministre des Affaires étrangères, après la Révolution de velours en 1989 et la naissance de la République tchèque en 1993, président de l'Assemblée générale de l'ONU pour l'année 2003. Pour la première fois de son histoire, la République tchèque présidait cet important organisme international. Jan Kavan a été et reste une personnalité des plus controversées. Il a été soupçonné de collaboration avec l'ancienne police secrète communiste, encore en tant que dissident. La justice tchèque l'a disculpé. Sous sa direction, le ministère des Affaires étrangères a effectué quelques opérations douteuses, sur lesquelles la police enquête toujours. Jan Kavan en rejette la responsabilité sur ses subordonnés, en premier lieu Helena Opolecka, chef de son cabinet.

Autant Jan Kavan est critiqué dans son propre pays, autant il semble être apprécié à l'étranger pour ses talents de diplomate. Alors que pour Cyril Svoboda, son chef, jusqu'au 18 septembre (jour de la fin de son contrat d'emploi au ministère qu'il a dirigé, les Affaires étrangères) sa fonction à la tête de l'Assemblée générale de l'ONU n'a été qu'honorifique, pour le monde et pour Jan Kavan, cette fonction a augmenté le prestige de la Tchéquie. A noter ses rencontres avec les plus hauts représentants de ce monde, dont George Bush, président des Etats-Unis, mais aussi des efforts pour rendre les activités de l'ONU plus opérationnelles. Par exemple, les rencontres régulières entre les présidents du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale, préconisées par Jan Kavan. Il est aussi l'artisan, en tant que représentant de la République tchèque, de l'adoption, pour la première fois dans l'histoire de l'ONU, d'une résolution sur la prévention des conflits armés. Pour le diplomate tchèque, c'est un énorme succès. Que lui reproche-t-on en fait ? Comme le dit Ondrej Neff, le commentateur de Lidove noviny, un quotidien national tchèque, le fait qu'il soit trop semblable à un reptile, à un serpent. Peut-être, mais la qualité de sortir les autres, de se sortir lui-même des situations compliquées n'est-elle pas liée, justement à la fonction de diplomate ?

Les médias tchèques s'interrogent... Que va devenir Jan Kavan ? Une réponse assez simple : à partir du 18 septembre, il n'est plus employé au ministère des Affaires étrangères, il reste député à la Chambre. Les sociaux-démocrates, formation politique dont il est membre, voudraient le voir au Parlement européen, ce qui suscite de vives critiques de l'opposition surtout. Pourquoi pas, déclare le Premier ministre, Vladimir Spidla. « Il est pleinement qualifié pour la fonction de député européen ». Une sinécure, comme certains le laissent entendre ? Certainement non, car même ses adversaires reconnaissent que ses connaissances et ses contacts internationaux ne peuvent servir qu'au bien de la Tchéquie et que Jan Kavan est, vraiment, un diplomate-né.