Fête des lumières : des installations françaises pour voir le patrimoine de Prague sous un autre jour

Le palais Hybernia, photo: Archives du festival Signal

La première édition du Signal Festival, la fête des lumières de Prague, débute ce jeudi soir sur la place de la Vieille ville avec l’installation de l’HyperCube, un projet du collectif français 1024 Architecture que nous avons déjà présenté dans nos émissions de mardi. Durant quatre jours, diverses installations lumineuses dans l’espace public et projections de video-mapping sur certains bâtiments du centre-ville seront présentées au public pragois. Parmi celles-ci figure notamment un projet d’un autre groupe français, « Défilé » d’AntiVJ, qui illuminera, lui, la façade du palais Hybernia dans le centre-ville. De passage dans nos studios en début de semaine, son auteur, Romain Tardy, nous en a dit un peu plus.

Le palais Hybernia,  photo: Archives du festival Signal
Romain Tardy : « Effectivement, le format n’est pas conçu comme l’installation de 1024 Architecture. Ce n’est pas un format immersif dans la mesure où les gens se retrouvent dans une situation plus frontale par rapport au bâtiment. La différence est que ce bâtiment est utilisé comme un support, étant donné qu’on lui ajoute une structure suspendue sur la façade. Cette structure prend la forme d’un navigateur web comme tout le monde en utilise et fonctionne sur l’idée de ramener dans le monde réel un élément qui est caractéristique de l’ordinateur, quelque chose qu’on manipule et qui nous est familier, mais qui, en même temps, est un peu insaisissable puisqu’il n’est fait que de pixels. C’est ce qui se trouve au cœur de cette installation-là. »

Pourquoi précisément cette installation très moderne et contemporaine sur une façade d’un bâtiment historique classé de Prague ?

RT : « Justement, c’est là que le défi était intéressant. Il s’agit de créer un contraste entre patrimoine, ville historique, et création contemporaine. C’est à la fois une rupture et un lien entre les deux. J’ai toujours essayé de travailler cette complémentarité parfois presque violente par exemple entre un graphisme très épuré, très minimal, très contemporain et des structures qui datent parfois de plusieurs siècles, parce que justement on a la chance avec cette technologie de projection de pouvoir créer un impact visuel fort, de toucher au bâtiment sans pour autant créer des choses qui seraient irréversibles. Il y a donc ce rapport d’éphémère dans lequel on peut aller assez loin. On peut essayer de créer des contrastes forts tout en ayant encore une fois une action qui ne soit pas irréversible. »

Comment se déroule votre travail ? Est-ce vous qui choisissez le bâtiment, le lieu, ou les organisateurs vous sollicitent-ils avec déjà une idée concrète ?

HyperCube,  photo: Facebook du festival Signal
François Wunschel : « C’est une discussion entre les organisateurs et nous. Comme nous ne sommes pas de Prague, ils nous ont proposé toute une série de sites et on s’efforce en discutant de définir le meilleur site possible pour ce type d’installations. »

RT : « Par rapport à la démarche de chacun, nous n’avons pas non plus les mêmes besoins. La structure de 1024 est autoportée et n’a pas besoin de s’appuyer sur un bâtiment, tandis que ‘Défilé’ est une création originale qui n’a pas été présentée ailleurs. Après avoir beaucoup travaillé sur le bâtiment en lui-même, ça faisait un moment que je cherchais à augmenter un bâtiment avec une structure physique et éphémère qui lui serait ajoutée. Et l’occasion s’est donc présentée avec le palais Hybernia, dont les proportions et l’architecture se prêtent bien à l’ajout d’une structure supplémentaire. »

Après Prague, votre projet sera-t-il néanmoins réutilisé ailleurs ?

RT : « Il y a déjà l’idée d’en faire des déclinaisons, de réutiliser ce principe d’une exploration, d’une mise en scène de l’Internet au travers d’un espace réel et physique. J’ai déjà en tête plusieurs options : une structure de navigateur web qui vient s’ajouter à un bâtiment, mais qui pourrait aussi très bien se suffire à elle-même. C’est une installation qui est aussi versatile et qui prendra dans le futur plusieurs formes. »