Ernest Denis, symbole de l'union naturelle entre les peuples tchèques et français, honoré à Prague

Le buste et la plaque commémorative à la mémoire d'Ernest Denis, photo: CTK

Un buste et une plaque commémorative à la mémoire d'Ernest Denis ont été dévoilés, ce vendredi, peu avant midi, à Prague, sur la place Malostranska. De nombreuses personnalités tchèques et françaises assistaient à cet hommage posthume rendu à Ernest Denis, historien français, slaviste renommé et grand ami du peuple tchèque.

Le buste et la plaque commémorative à la mémoire d'Ernest Denis,  photo: CTK
C'est en 1872 qu'Ernest Denis, jeune agrégé d'histoire marqué au plus profond de lui-même par la fraîche et sévère défaite de la France contre la Prusse, entreprend son premier voyage à Prague. Il y rédige notamment sa thèse de doctorat sur le réformateur Jan Hus, avant de publier, quelques années plus tard, entre autres, deux oeuvres majeures : « La fin de l'indépendance tchèque » et « La Bohême depuis la Montagne Blanche ». Ernest Denis, persuadé de la nécessité de l'indépendance de la Bohême et de la Moravie en union avec la Slovaquie, a également joué un rôle direct et considérable dans la création de la Tchécoslovaquie, en 1918. Enfin, il a été le fondateur de l'Institut français de Prague qui, encore aujourd'hui, porte son nom. Son directeur actuel, M. Didier Montagné, assistait, ce vendredi midi, à la cérémonie en l'honneur d'Ernest denis.

Que représente pour lui ce monument en plein coeur de la capitale tchèque ?

Le buste et la plaque commémorative à la mémoire d'Ernest Denis,  photo: CTK
« Je dois dire que ça me fait chaud au coeur. En plus, j'habite ce quartier de Mala Strana, et donc, tous les jours, je passerai devant lui. Surtout, c'est le fondateur de l'Institut français, puisque dans les années 1920, au moment des grandes passions franco-tchèques, il a été l'un des premiers, dans un lieu qui n'était alors pas à l'adresse actuelle, Stepanska 35, pour jeter les fondements de ce qui allait être l'Institut français. En fait, il a créé deux choses : il a oeuvré avec les alliances françaises à la mise en place de cours de langue qui étaient très suivis, et puis il a été le concepteur de ce qui allait devenir une mini-université de l'Europe centrale à l'Institut français. Au départ, en effet, il y avait, à la fois, des cours de français et une université en miniature plus tard très célèbre avec des professeurs aux noms prestigieux comme Hubert Beuve-Méry et Vladimir Jankelevitch qui allaient promulger et édifier la pensée française en Europe centrale jusque dans les années 1950. »

-Que reste-t-il aujourd'hui d'Ernest Denis à l'Institut français, notamment par rapport aux études slaves ?

« Je crois que son oeuvre est surtout présente à l'Institut des études slaves à Paris. Ici, à Prague, au-delà d'un petit buste qui nous reste dans un coin de la bibliothèque, il reste ce qu'est l'Institut français aujourd'hui, c'est à dire plus de 1700 étudiants de français par semaine, une fréquentation tout à fait assidue à la bibliothèque et à la médiathèque avec plus de 2000 abonnés. Je dirais que cette présence et ce rayonnement de l'Institut français aujourd'hui sont dans la mouvance et sont un héritage de la fondation d'Ernest Denis. Selon moi, c'est aussi une façon de le faire vivre tous les jours, activement. »