Eric Besson à Prague : « En matière de sûreté nucléaire, il faut que la raison l’emporte »

Eric Besson et Petr Nečas, photo: CTK

Eric Besson, le ministre français chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique a effectué une visite à Prague mercredi et jeudi. Outre la signature d’une feuille de route bilatérale dans le domaine nucléaire avec le ministre tchèque de l’Industrie, Martin Kocourek, et sa participation au 6e Forum européen sur l’énergie nucléaire, Eric Besson a également rencontré le Premier ministre, Petr Nečas. L’occasion, bien entendu, de discuter de l’extension de la centrale nucléaire de Temelín pour laquelle un appel d’offres a été lancé par le gouvernement tchèque. Le groupe français Areva figure parmi les trois prétendants à la réalisation de ces travaux dont le montant est estimé à environ 20 milliards d’euros. Mais en République tchèque, dans un pays qui comme la France dispose d’une grande expérience dans le nucléaire, Eric Besson a également trouvé une oreille attentive lorsqu’il a exprimé son souhait d’un retour à la raison en ce qui concerne les tests de sûreté des centrales nucléaires de l’UE. C’est ce qu’il a expliqué au micro de Radio Prague :

Eric Besson,  photo: CTK
« La France a dit très clairement, et nous avons été parmi les premiers en Europe à le dire, que nous sommes prêts à soumettre toutes nos centrales nucléaires aux tests de sûreté les plus exigeants. Nous avons dit, dès le début, que ces tests devaient pouvoir être menés en toute indépendance par des autorités de sûreté nucléaire, et que ce devait être ouvert, c’est-à-dire que les autres experts des autorités indépendantes doivent pouvoir venir regarder et vérifier par eux-mêmes ce qui se fait dans notre pays. Mais nous n’accepterons pas qu’un certain nombre de responsables, y compris le commissaire européen, aillent plus loin que le mandat qui a été expressément donné par les chefs d’Etat et de gouvernement lors de leur réunion des 24 et 25 mars. Nous disons : ‘les traités européens, tous les traités européens, mais rien que les traités européens’. Ils sont extrêmement clairs. Nous n’accepterons pas de voir déstabiliser au détriment des entreprises, des consommateurs et même des citoyens parce que nous sommes aujourd’hui persuadés qu’il n’y a pas d’alternatives à court terme crédibles pour un approvisionnement énergétique massif alternatif au nucléaire. En clair, tous ceux qui choisiraient de sortir du nucléaire auraient pour principales sources d’énergie le charbon, le lignite, le pétrole et le gaz, et chacun sait que c’est incompatible avec les engagements que nous avons pris en matière climatique. »

Temelín
Sur ce point de sécurité nucléaire, vous êtes donc tout à fait sur la même longueur d’ondes que la République tchèque ? Récemment encore, suite à l’accident de Fukushima, le gouvernement tchèque a réagi aux craintes formulées en Allemagne et en Autriche en réaffirmant que la centrale de Temelín était sûre et que le pays n’avait nullement l’intention d’abandonner le nucléaire…

« Nous sommes effectivement sur la même ligne que la République tchèque. J’ajouterais que, vendredi dernier, vingt-cinq des vingt-sept pays membres de l’UE étaient d’accord pour entériner ce qu’avaient produit nos autorités de sûreté nucléaire. Donc ce n’est pas la position française, tchèque ou slovaque, mais la position de vingt-cinq pays de l’UE. C’est pour cela que je pense qu’il faut que chacun revienne à ses prérogatives et que le règne de la raison l’emporte. »

Temelín | Photo: ČEZ
Concernant l’appel d’offres pour la centrale de Temelín, y a-t-il eu des avancées ? Mercredi, vous avez annoncé que la France allait présenter son réacteur EPR…

« Nos partenaires savent que lorsqu’il y aura des appels d’offres, c’est vrai en Europe centrale comme ailleurs, la France proposera systématiquement ses produits. Nous estimons que l’une des grandes leçons de l’accident de Fukushima, c’est qu’il faut aller vers des réacteurs dits de troisième génération, et il se trouve que la France est la première à avoir mis en chantier quatre EPR, quatre réacteurs de troisième génération. Nous offrirons cette solution à nos partenaires le moment voulu. »

Mercredi, le ministre tchèque de l’Industrie a déclaré que les candidatures française, américaine et russe étaient plus ou moins égales. Est-ce que votre visite à Prague vous a permis de mieux familiariser les dirigeants tchèques sur les atouts de la candidature d’Areva ?

« Je ne veux pas parler en son nom, mais j’ai écouté avec une très grande attention ce qu’a dit M. Kocourek, c’est-à-dire que, selon lui, ce que les industriels français ont apporté est au moins égal à ce qu’ont apporté les autres. Pour le reste, laissons faire les choses. Aux Tchèques de déterminer les modalités de leur appel d’offres. Ils savent que nos entreprises et nos industriels ont déjà commencé à montrer leur volonté de partenariat, Areva avec la formation notamment. La France aura une offre solide, compétitive, ensuite la République tchèque est un Etat souverain, c’est donc à elle de décider. »