El-Baradei estime que la centrale de Temelin n'est pas un danger

Temelin

La centrale nucléaire de Temelin, ou l'éternelle pomme de discorde entre la République tchèque et l'Autriche. Dernier événement en date : la déclaration faite ce lundi par le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique à un magazine autrichien

Nouveau rebondissement, donc, dans cette affaire qui pourrit les relations entre les deux pays depuis plusieurs années, et non des moindres. Mohamed el-Baradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui siège à Vienne, a en effet accordé une interview, parue ce lundi, au magazine autrichien en ligne Profil. D'après le Prix Nobel de la paix 2005, la centrale tchèque de Temelin, située à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec l'Autriche, ne représente aucun danger, précisant explicitement : « Je peux le dire la conscience tranquille puisque je vis moi-même en Autriche ». Rappelant que l'énergie atomique allait prendre à l'avenir une place de plus en plus grande en tant que ressource énergétique à un niveau global, il a précisé que l'Autriche ne devrait pas se concentrer sur l'existence de Temelin, mais plutôt sur sa sécurité. Les réacteurs qui se trouvent tout autour de l'Autriche n'ont rien à voir avec Tchernobyl, a-t-il déclaré, se voulant rassurant, tout en reconnaissant que le risque zéro n'existait pas.

Des déclarations qui ont immédiatement provoqué une vive réaction des opposants autrichiens à la centrale, de l'organisation Atomstopp, qui ont accusé el-Baradei de se contredire. Mais ses propos ont en revanche satisfait la présidente de l'Office national pour la sécurité nucléaire en République tchèque, Dana Drabova :

« Pour moi, la déclaration de M. Baradei est l'illustration de ses connaissances sur la centrale de Temelin. Et c'est pour moi la confirmation de ce que nous ne cessons de répéter en tant qu'organe de surveillance nationale. »

Les opposants autrichiens à l'énergie nucléaire ainsi que certains hommes politiques autrichiens reprochent aux Tchèques de ne pas respecter les accords de Melk, signés en 2000, qui obligent la République tchèque a signaler à son voisin toute anomalie survenue dans la centrale dans un délai de 72 heures.

Temelin
Côté tchèque, on refuse de prendre au sérieux les activistes autrichiens et on s'élève contre les blocus des frontières régulièrement organisés par les anti-nucléaires. Non sans susciter la polémique, d'ailleurs, puisque les déclarations, en mai dernier, du ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, sur les « dingos » qui organisent les blocus n'ont évidemment pas été bien accueillies de l'autre côté de la frontière. Pas plus que ses propos il y a une semaine : le chef de la diplomatie tchèque avait estimé que les discussions entre l'Autriche et la République tchèque au sujet de la centrale de Temelin étaient « apaisées », avant que le président Klaus en visite en Autriche mercredi dernier n'appelle à ne « pas dramatiser les choses » autour de la centrale.

Pour les opposants autrichiens à la centrale, ces déclarations sont des « provocations » et ils ont immédiatement rétorqué en menaçant de renchérir en septembre en bloquant les frontières. Des protestations qui, d'après ces derniers, pourraient prendre une forme bien « plus radicale ».