Droit de faire un bébé toute seule et congé de paternité : les projets à l’étude du ministère des Affaires sociales

Photo illustrative: Jason Nelson / freeimages

La procréation médicalement assistée, jusqu’à présent destinée uniquement aux couples, pourrait être nouvellement autorisée aussi pour les femmes célibataires. C’est du moins ce qui figure dans le projet présenté par le ministère du Travail et des Affaires sociales. Si le texte est adopté, il pourrait aider également les couples lesbiens qui désirent avoir un enfant, et accessoirement attirer une clientèle étrangère dans les cliniques tchèques.

Michaela Marksová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Selon la ministre sociale-démocrate, ce projet constitue une réaction à la situation déjà existante en République tchèque, où plus de 45 % des enfants naissent hors mariage. Michaela Marksová souligne qu’un changement dans ce domaine apparaît nécessaire car cette pratique, bien qu’illégale, est déjà bien répandue. Dans les faits, il suffit pour une femme célibataire de convaincre un ami d’accepter de se présenter à la clinique comme son conjoint et de donner son accord pour une fécondation in vitro (FIV) avec le sperme d’un donneur anonyme. Michaela Marksová poursuit :

« Je crois qu’on devrait aider chaque femme qui veut avoir un enfant, notamment en République tchèque où le taux de natalité est très faible. Je connais plusieurs femmes qui ne sont pas lesbiennes et qui ont vécu des situations difficiles quand le docteur leur a dit : ‘Si vous voulez avoir un jour un enfant, vous devez le faire immédiatement via la fécondation in vitro’. Mais à ce moment-là, ces femmes n’avaient pas de partenaire. »

Photo illustrative: Jason Nelson / freeimages
L’intérêt des Tchèques pour la fécondation in vitro augmente, notamment en raison du taux croissant de stérilité qui touche un couple sur cinq. En moyenne, un enfant sur vingt-cinq naît suite à ce type de procréation assistée. Ces huit dernières années, le nombre de cliniques proposant des services de ce type a doublé et s’élève désormais à une quarantaine. Parmi les clientes, environ 40 % sont des étrangères, un chiffre qui pourrait encore augmenter avec l’adoption de la loi, la République tchèque figurant parmi les rares pays qui ont déjà renoncé à interdire la fécondation in vitro pour les femmes sans partenaire, comme cela est le cas également en Belgique, en Grande-Bretagne, au Danemark ou en Espagne.

Le projet en question apporterait également d’autres changements. Il s’agit notamment du nombre de tentatives prises en charge par les caisses d’assurance maladie. Actuellement, une tentative de FIV coûte quelque 50 000 couronnes (1 850 euros), un montant dont deux tiers sont remboursés lors des quatre premières tentatives. Michaela Marksová souhaite faire passer le nombre de ces tentatives à six, parmi lesquelles deux seraient entièrement remboursées, et lever la limite d’âge afin de pouvoir bénéficier de ces primes de 39 à 43 ans.

Les hommes tchèques pourraient, eux, obtenir un congé de paternité de quatre jours

L’idée fait son chemin. La ministre du Travail et des Affaires sociales a récemment proposé d’accorder quatre jours supplémentaires de congés payés aux pères suite à la naissance d’un enfant. Le principal objectif de cette mesure est de permettre aux hommes de renforcer leur relation avec leur progéniture. Ce projet possède cependant un certain nombre d’opposants, parmi lesquels bien évidemment le ministre des Finances.

Photo illustrative: Barbora Kmentová
Initialement, la ministre avait demandé que jusqu’à sept jours de congé soient accordés aux nouveaux pères, ne possédant actuellement aucun congé supplémentaire pour cette occasion, sept jours qui auraient été payés de la même manière que le sont les allocations de maternité. Cette mesure aurait néanmoins coûté 700 millions de couronnes (près de 26 millions d’euros) par an à l’Etat. Face à la réticence du ministère des Finances, Michaela Marksová a donc présenté une version réduite à quatre jours de congé de naissance qui ne coûteraient plus que 400 millions de couronnes (près de 15 millions d’euros). Pour l’heure, le ministre des Finances, Andrej Babiš, estime que c’est encore trop.

Ce projet est inspiré du système déjà existant notamment dans les pays scandinaves et en Allemagne. Michaela Marksová le défend en argumentant que les études réalisées montrent que cette pratique renforce la relation entre l’enfant et son père. Elle estime aussi que jusqu’à 80 % des hommes profiteraient de cette possibilité. Le projet, qui pourrait entrer en vigueur au plus tôt en janvier 2017, sera donc prochainement débattu par le conseil législatif du gouvernement, avant d’être traité par le cabinet.

Pourtant, certaines entreprises en République tchèque proposent déjà quelques jours libres aux nouveaux pères. Ces jours libres font partie des avantages octroyés aux salariés. C’est le cas par exemple de la banque Česká spořitelna, qui propose cinq jours de congé de naissance. Selon la responsable des ressources humaines de la société, il s’agit là d’un avantage très populaire dont ont profité, l’année dernière, 98 % des pères concernés.