Drogues : la Tchéquie, un profil un peu atypique en Europe

Photo ilustrative: public domain

On le sait bien, la drogue, c’est mal. Pourtant, les jeunes Tchèques restent parmi les premiers consommateurs de cannabis en Europe. C'est l'une des conclusions du rapport européen 2018 sur les drogues publié début juin par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA).

Pervitin,  photo: ČT24
19,4 % des Tchèques âgés de 15 à 34 ans ont fumé au moins un joint au cours de l’année écoulée. Cela fait de la République tchèque l’un des champions d’Europe en la matière, quand bien même la consommation atteint des niveaux plus élevés encore en Italie et en France.

Le pays se distingue aussi comme le principal producteur de méthamphétamine sur le Vieux continent. Ainsi, sur les 291 laboratoires clandestins de fabrication de cette drogue qui étaient recensés en Europe en 2016, 261 étaient localisés en Tchéquie. Connue sous le nom de « pervitine », cette substance y représente aussi l’un des plus importants problèmes de santé en lien avec la consommation de stupéfiants. Invité à présenter et à commenter le rapport européen 2018 sur les drogues, Viktor Mravčík, le directeur du Centre national de surveillance des drogues, constatait :

Viktor Mravčík,  photo: Radio Wave,  ČRo
« On estime à 35 000 le nombre d’utilisateurs réguliers et à long terme de pervitine, principalement sous forme d’injection. En cela, la République tchèque constitue une exception dans le contexte européen. Vous ne trouverez nulle part ailleurs un nombre aussi important de consommateurs de pervitine. »

Le problème n’est pas facile à traiter, de même que celui de l’addiction à des substances opiacées telles que l’héroïne. Substitut de synthèse à ces drogues, la buprénorphine est peu accessible et les patients doivent eux-mêmes payer pour pouvoir s’en procurer. Viktor Mravčík :

« Le premier souci est l’accessibilité des substances de substitution, qui se révèle très problématique dans certains endroits et en particulier à Prague et à l’ouest de la Bohême, où on trouve de nombreux cas de personnes dépendantes aux opiacés. De plus, nous avons peu de centres d’accueil à Prague, avec une faible capacité. »

Pour autant, la politique de la République tchèque en matière de lutte anti-drogue serait l’une des plus efficaces en Europe. Selon Viktor Mravčík, l’argent public engagé est relativement faible au regard des bons résultats obtenus :

« Quand vous observez les conséquences les plus graves de la consommation de drogue, telles que le nombre d’infections par le VIH ou des hépatites, les niveaux sont très bas en République tchèque, en-dessous de la moyenne. Si vous regardez le nombre d’overdoses, il y en a aussi, mais assez peu chez nous. Sur 9000 cas d’overdoses recensées en Europe, il y en a annuellement environ 50 en Tchéquie. »

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En ce qui concerne les drogues, la République tchèque, où la consommation d’ecstasy est également très populaire, présente ainsi un profil assez particulier. Le rapport européen 2018 insiste en effet sur l’accessibilité toujours plus grande de la cocaïne sur le marché européen, une substance qui serait de surcroît de plus en plus pure. Or la Tchéquie reste plutôt en retrait de ce phénomène.

Seuls 0,7 % des personnes âgées de 15 à 34 ans ont consommé de la cocaïne durant l’année passée, une proportion très faible au regard de l’évolution observée au Royaume-Uni, au Danemark ou aux Pays-Bas.