Double qualité des aliments : une enquête tchèque confirme

Photo illustrative: Eva Odstrčilová, ČRo

Cela fait désormais de long mois que le problème est sur la place publique : les industriels de l’agroalimentaire proposent des produits de moindre qualité et à des prix parfois plus élevés dans les pays d’Europe centrale et orientale par rapport aux biens, censément les mêmes, écoulés à l’Ouest. Une nouvelle étude, réalisée par le ministère de l’Agriculture, confirme le scandale.

Photo illustrative: Eva Odstrčilová,  ČRo
Du beurre d’une même marque présentant moins de matières grasses mais vendu plus cher en Tchéquie qu’en Allemagne : c’est l’exemple-type de ces différences que met en évidence cette nouvelle enquête. Rien de nouveau sous le soleil cependant, elle ne fait que confirmer ce qu’on savait déjà avec cette fois-ci l’analyse de vingt-un produits alimentaires distribués en République tchèque et dans les pays voisins, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en Slovaquie. Seuls trois de ces produits se sont avérés partout identiques en termes de composition. Scientifique au sein du laboratoire pragois en charge de ce travail, Jan Pivoňka détaille :

« Parfois, ce sont des détails qui sont liés aux technologies employées ou bien à des variables au niveau des matières premières utilisées. Mais pour d’autres cas, c’est l’intention même de l’industriel de produire et de vendre un même produit à des qualités différentes. »

Les professionnels de l’agroalimentaire se défendent en prétendant qu’ils adaptent parfois leurs produits aux goûts particuliers des consommateurs, ou bien en niant purement et simplement les différences de qualité constatées. Pour l’eurodéputé tchèque Pavel Svoboda, chrétien-démocrate qui veut prendre à bras le corps cette problématique, le souci date en fait de l’ouverture des économies orientales au marché commun européen :

« Quand les Etats de l’Europe de l’Est ont adhéré à l’UE, la situation était la suivante : l’industrie y était faible et on a ouvert les portes aux capitaux et aux sociétés de l’Ouest, qui ont pris une bonne partie du marché oriental européen. Il me semble que ces sociétés, ces chaînes de supermarchés, abusent de cette position en écoulant des produits de qualité inférieure à l’Est pour des prix qui sont, soit les mêmes que dans les vieux Etats membres, ou bien même plus élevés. »

En Europe centrale, les politiques commencent à s’emparer de la question. Au début de l’année, les pays membres du groupe de Visegrád ont consacré un de leurs sommets à ce sujet et ont ensuite protesté auprès de Bruxelles. D’après Pavel Svoboda, il y a urgence à agir car les citoyens européens ne sont pas dupes :

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« Les citoyens savent cela, surtout les citoyens tchèques puisque dans les régions frontalières, il est assez populaire d’aller acheter des produits en Allemagne. Donc, nous sommes bien conscients de cela et on se pose la question de savoir pourquoi les institutions européennes ne font rien contre ce phénomène. »

Face à la fronde, la Commission européenne a commencé à apporter un brin de réponse. En juin, elle a organisé une rencontre avec des industriels, des ONG et des organisations de défense des consommateurs. Bruxelles a également demandé aux pays membres de prouver leurs allégations. Mais sur la base de leurs contributions, les institutions européennes ont estimé, « pour l’heure », qu’elles n’étaient pas fondées.