Disparition du dernier légionnaire tchèque

Alois Vocasek, photo: CTK

Alois Vocasek, l'homme le plus âgé en République tchèque et ancien membre des légions tchèques à l'étranger, s'est éteint, ce samedi, à l'âge de 107 ans. Avec lui prend fin l'histoire des légions tchèques qui ont joué un rôle important lors de la naissance de la Tchécoslovaquie indépendante, à l'issue de la Première Guerre mondiale.

Alois Vocasek,  photo: CTK
Un destin digne de la plume d'un romancier - c'est ce qu'on pourrait dire de la vie de Alois Vocasek. Né en 1896, il avait 18 ans, lorsque la Grande guerre a éclaté. Il a combattu d'abord sous les drapeaux de l'empereur François-Joseph, puis il a déserté pour lutter contre l'Autriche-Hongrie en tant que membre des unités tchèques à l'étranger. Les soldats tchèques qui étaient presque 100 000 ont combattu pratiquement sur tous les champs de la Première guerre mondiale. Ils se sont distingués notamment dans la bataille de Zborov en Ukraine en 1917 où ils ont réussi a briser le front autrichien. C'est dans cette bataille qu'Alois Vocasek a été blessé à la jambe. Au front russe il a combattu avec l'écrivain Jaroslav Hasek, auteur du Brave soldat Chveïk, après la guerre, il a rencontré le Premier président tchécoslovaque Tomas Garrigue Masaryk. C'étaient les années de sa gloire.

Son comportement pendant la Deuxième guerre mondiale était plus problématique. Membre de l'organisation des fascistes tchèques Vlajka - Le Drapeau, et traduit en justice en 1946, il a été condamné par un tribunal populaire à perpétuité pour collaboration avec les nazis. Son nom a été rayé de la liste des légionnaires tchèques. Il a passé en prison 9 ans, mais il n'a jamais reconnu sa culpabilité. Pendant les dernières années de sa vie, il ne cessait de demander sa réhabilitation. Il a engagé plusieurs procès et décidé de porter plainte auprès de la Cour européenne de Strasbourg. A l'âge biblique il voulait purifier son nom. Il s'estimait lésé car, a son avis, il avait été condamné au lendemain de la Guerre par un tribunal populaire conformément aux décrets du Président Benes sans avocat et sans appel. Trois fois marié, il a survécu à ses trois femmes, à son fils, à sa petite-fille et à son arrière-petite-fille, comme s'il monopolisait la vitalité de toute la famille. Il appartient maintenant à ses proches de décider si son procès de réhabilitation continuera même après sa mort.