Des réfugiés hébergés chez l’habitant tchèque via un site web

Photo illustrative: Antonín Matějovský

Accueillir un réfugié chez soi est désormais possible en République tchèque. L’antenne locale de Refugees Welcome International a lancé, depuis plus d’un mois, un projet de cohabitation via une plateforme sur Internet.

Photo illustrative: Antonín Matějovský
Déjà vingt personnes inscrites sur le site de Refugees Welcome (Uprchlíci vítejte), c’est beaucoup plus que ce qu’espérait Milan Votypka, 39 ans, un des coordinateurs de l’association, fondée à Berlin. Onze pays européens sont actuellement impliqués dans ce projet. Leur credo : « Pourquoi les réfugiés ne vivraient-ils pas dans un lieu décent plutôt que dans des camps ? ».

Le principe est simple : l’habitant qui veut héberger un réfugié doit s’inscrire sur le site https://uprchlici-vitejte.cz/. L’association se donne le temps de former les cohabitations en fonction des profils de chacun (hobbies, langues parlées, etc.). Une fois les binômes établis, les hôtes ne sont pas laissés à l’abandon puisque Refugee Welcome prévoit un suivi, sous forme de temps d’échanges, pour s’assurer que la vie en commun se passe bien. Le loyer, dont le montant est fixé par l’hôte, est payé par le réfugié, qui bénéficie le plus souvent d’une aide de l’Etat.

Selon l’ONG Člověk v tísni (People in Need), au 31 janvier 2017, quelque 2 550 personnes vivaient en Tchéquie avec un statut de réfugié ou de protection subsidiaire, soit 0,03 % de la population. L’association Refugees Welcome, dont l’équipe compte quatre personnes, souhaiterait pouvoir prendre en charge jusqu’à une cinquantaine d’entre eux. La plupart de ces réfugiés proviennent d’anciens pays soviétiques comme l’Ukraine, la Géorgie, la Biélorussie ou encore l’Azerbaïdjan. Toutefois, même s’ils obtiennent un statut juridique les autorisant à rester sur le territoire tchèque, y trouver un logement n’est pas simple. C’est donc de ce constat qu’est né le désir d’importer ce projet, financé uniquement par des fonds privés. Un petit budget certes, mais suffisant pour développer une cohabitation entre réfugiés et habitants, affirme Milan Votypka :

« Nous avons décidé de lancer le projet dans les plus grandes villes, comme Prague et Brno. Pour le moment, la plupart des inscriptions proviennent de Prague. Le reste des hôtes inscrits vivent un peu partout en République tchèque : Ústí nad Labem, Pardubice, Ostrava. A Brno, il n’y a encore aucune réservation, ce qui me déçoit un peu car il y a beaucoup d’étrangers là-bas et c’est une ville parfaite pour s’intégrer. Il y a des entreprises qui emploient des étrangers. »

Milan Votypka | Photo: Site officiel du projet Uprchlíci vítejte
Dans une société qu’il estime « divisée » sur la question des réfugiés, avec un gouvernement peu prompt à accueillir les migrants en provenance notamment d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient, Milan Votypka veut souligner le rôle de ces Tchèques prêts à soutenir les nouveaux arrivants.

« Beaucoup de personnes ne veulent pas de réfugiés sur le territoire, ils ont peur. Certains parlent de ‘culture incompatible’, surtout concernant les musulmans. Car la plupart du temps, quand on entend le mot réfugié, on pense à l’islam. Et d’un autre côté, il y a ici aussi des gens très ouverts, qui souhaitent travailler avec les réfugiés. Ils veulent montrer que quoiqu’on en dise, les Tchèques sont un peuple humaniste. »

Plus de 1 220 réfugiés ont déjà été hébergés grâce Refugees Welcome, dans seize pays. Reste désormais à voir dans quelle mesure la récente adhésion de la République tchèque au projet fera grimper ce chiffre…