Démission d'un jeune député impliqué dans une affaire qui menace la stabilité du gouvernement

Jan Morava, photo: CTK

L’affaire qui secoue la scène politique cette semaine pourrait avoir des conséquences sur l’avenir de l’actuel gouvernement. Le parti ODS du Premier ministre est directement concerné par les révélations d’un reportage télévisé sur les pratiques mafieuses dans les coulisses de la politique tchèque. La première tête est tombée lundi, dès le lendemain de la diffusion du reportage par TV Nova : un jeune député de 29 ans, Jan Morava, a démissionné.

Au départ, un journaliste de TV Nova propose à un député de l’ODS en rupture avec sa hiérarchie – Vlastimil Tlustý – de poser pour des photos en compagnie d’une femme, dans un jaccuzzi, pour ensuite proposer ces clichés à ses collègues, qui pourraient les utiliser pour se débarasser de ce « député rebelle ».

La manoeuvre fonctionne, et c’est un jeune poisson qui mord à l’hameçon : Jan Morava, député ODS ambitieux, qui confie lui-même être là où il est « pas parce qu’il élabore des normes législatives exceptionnelles, mais parce qu’il sait obtenir des informations ». Tout a été enregistré grâce à une caméra cachée. Les procédés employés par les journalistes, qui ont provoqué Morava, sont critiquables et critiqués.

Jan Morava,  photo: CTK
Mais le discours tenu par ce jeune aux dents plus longues que son 4X4 pourrait être assez révélateur du niveau actuel de la politique tchèque, où on semble s’inspirer des méthodes de la Cosa Nostra sicilienne ou de l’Organizatsiya russe.

« J’ai cédé aux provocations, qui ont été sans l’ombre d’un doute orchestrées par Vlastimil Tlustý. Et c’est à lui de prendre les décisions qui le concernent s’il veut avoir la conscience en paix », déclaré Jan Morava en annonçant sa démission à la presse.

Jan Morava a été provoqué, certes. Mais dans le reportage il indique clairement avoir reçu l’aval de ses chefs, et notamment du président du groupe ODS à la Chambre des députés, Petr Tluchoř, qui nie les faits.

Pire : Jan Morava ne s’est pas arrêté à ces photos qui pouvaient permettre de faire taire un des critiques les plus virulents du gouvernement. Croyant avoir affaire à des détectives privés, il a demandé aux journalistes de le photographier en compagnie de la fille d’une députée du parti des Verts, Olga Zubová, elle aussi critique envers le gouvernement.

Mirek Topolánek et Olga Zubová,  photo: CTK
Le but de la manoeuvre aurait été de faire savoir à cette députée que sa famille pouvait être facilement menacée si elle ne votait pas comme il fallait. Des révélations d’autant plus troublantes que c’est cette même députée qui s’est fait porter pâle le jour de l’élection – très serrée – du président de la République...

L’opposition social-démocrate a indiqué qu’un nouveau vote de défiance allait être organisé après les élections régionales de la mi-octobre. Sans les voix de Vlastimil Tlustý et d’Olga Zubová, la coalition n’aura pas de majorité. L’affaire Morava pourrait être l’affaire de trop pour le gouvernement de Mirek Topolánek.