Dee Dee Bridgewater et Tchéka : l’Afrique en visite à Prague

Dee Dee Bridgewater, photo: www.deedeebridgewater.com

L’intérêt pour les musiques dites ethniques ou musiques du monde ne cesse de croître en République tchèque comme dans le reste de l’Europe. De plus en plus de festivals sont organisés autour de ce genre musical : Respect, United colours of Ostrava ou encore le Jazz meets World. C’est d’ailleurs dans cette démarche que s’est inscrite la chanteuse de jazz américaine Dee Dee Bridgewater qui est venue présenter son « projet malien » devant le public du Palais des congrès à Prague le 24 novembre dernier. Anne-Claire Veluire a aussi suivi les premiers pas à Prague du jeune guitariste capverdien Tchéka qui s’est produit à l’Akropolis le jeudi 29 novembre.

Dee Dee Bridgewater,  photo: www.deedeebridgewater.com
Après une longue carrière entamée à New York et notamment sur les planches de Broadway au milieu des années 70, en passant par les plus grandes capitales mondiales et particulièrement Paris où elle est installée depuis 1986, Dee Dee Bridgewater se lance aujourd’hui dans un nouveau genre, en surfant sur la vague de popularité des musiques du monde, avec son « projet malien » et son nouvel album « Red earth, a Malian journey ». Ayant su s’entourer de musiciens remarquables, l’essai paraît plutôt réussi. Dee Dee Bridgewater explique les raisons de cette nouvelle orientation :

« L’album et le concert que l’on fait maintenant vient du fait que j’avais décidé de trouver mes racines africaines. J’ai pu retracer les lignes généalogiques de ma famille du côté de mon père et de ma mère presque 150 ans en arrière mais après il n’y avait plus d’informations. Donc j’ai écouté beaucoup de musiques d’Afrique de l’Ouest parce que je savais que la plupart des esclaves ont été pris de ce côté de l’Afrique. Chaque fois que j’écoutais de la musique malienne, ça me parlait de manière très forte. C’était un peu comme si je connaissais. En 2004, j’ai finalement décidé d’aller visiter le Mali pour comprendre si c’était vrai ou faux que je ressentais quelque chose. Par plein de coïncidences et de choses un peu étranges qui me sont arrivées, je crois aujourd’hui que c’est le pays de mes ancêtres. Mon rêve, c’était de mélanger ces deux traditions, la musique traditionelle du Mali et ma tradition qui est le jazz parce que je trouvais qu’il y avait pas mal de choses pareilles dans les deux formes de musique. Je sais que c’est étrange au début pour le public parce que même en France et en Europe, comme j’étais vraiment dans la tradition de jazz à la Ella Fitzerrald, faire un détour comme j’ai fait, ça choque les gens. Finalement, avec cette musique je crois que j’ai trouvé ma voie. »

Jeudi 29 novembre à l’Akropolis s’est présenté un autre musicien africain. Manuel Manuel Lopes Andrade, appelé Tchéka, est venu du Cap vert, un archipel situé au large du Sénégal d’où est également originaire la chanteuse Cesaria Evoria. Son père, qui était un violoniste très populaire au Cap Vert, l’a donc initié à la musique très tôt. En 2005, il est promu lauréat du prix musique du monde de RFI, qui lance sa carrière à l’international. Le Cap vert est lusophone, mais Tchéka chante dans la langue de son île, en créole. Sa musique allie rythmes traditionnels, notamment le batuque, et arrangements pop, pour un effet envoûtant et délicat.