Congrès d'historiens dans la ville de Pardubice

L'Université de Pardubice, ville de Bohême orientale, a accueilli, du 6 au 8 septembre, le Congrès d'historiens tchèques. En dépit de sa longue tradition remontant à 1924, pour la première fois, cette année, étaient invités au congrès des historiens et bohémistes étrangers car une section était consacrée à l'histoire de la Bohême dans le contexte européen.

La réception de l'histoire des pays tchèques en France était le sujet de l'intervention de Marie Elisabeth Ducreux, professeur qui enseigne à l'Ecole des Hautes études en sciences sociales à Paris, que j'ai invitée au micro :

« Ce que j'ai essayé de montrer, c'est que les débuts de cette perception du contexte tchèque étaient prometteurs depuis la fin du XIXe siècle, avec des gens comme Louis Léger et Ernest Denis pour qui ce n'était pas seulement une question scientifique mais aussi beaucoup une question politique, qui ont beaucoup fait pendant la Première Guerre mondiale pour faire connaître les programmes de Masaryk et de Benes. Les débuts, en France, d'une sympathie pour l'histoire de la Bohême et pour les Tchèques étaient nets, la francophilie des Tchèques l'était aussi, mais cela n'a jamais empêché une profonde méconnaissance des Français pour l'histoire tchèque et l'histoire de l'Europe centrale, en général. Et cette profonde méconnaissance, malgré une grande présence depuis 1989 de la thématique de l'Europe centrale dans les journaux, par ex., cette méconnaissance reste la réalité. »

Quelle est donc la situation actuelle dans l'enseignement et les recherches de la langue et de l'histoire tchèques en France ?

« Pour la bohémistique en général, il y a en France quelques grands bohémistes, il y en a toujours eu, malheureusement, il y a peu d'endroits où on étudie le tchèque et la littérature tchèque de façon approfondie. Le tchèque est enseigné dans beaucoup d'universités françaises, mais généralement les étudiants choisissent cette langue comme un complément qui n'est pas un enseignement systématique. Mais malheureusement, aussi, peu d'étudiants français choisissent cette voie, ce sont surtout des étudiants tchèques ou d'origine slave. Et pour l'histoire, la situation est encore beaucoup moins positive, parce que l'enseignement de l'historie de l'Europe centrale et de l'histoire tchèque n'est pas intégré dans l'enseignement général de l'histoire en France, ni au lycée, ni à l'université. Alors quelque fois, certains événements sont connus, la Montagne Blanche, etc., mais sinon personne n'a vraiment conscience qu'il puisse y avoir une histoire tchèque particulière, ce qui est dommage. »

Quelle est la perception de l'histoire tchèque d'avant 1989 en France, la période communiste ?

« Il y a maintenant quelques thèses en cours sur cette période, mais relativement peu, parce que, au fond, aujourd'hui le seul professeur capable d'encadrer les étudiants sur ces sujets-là en histoire, pour le XXe siècle, c'est Antoine Marès qui enseigne à l'Université de Paris I les relations internationales, et c'est dans le cadre de cet enseignement qu'il enseigne l'histoire de l'Europe centrale contemporaine. Il a beaucoup d'étudiants tchèques, d'ailleurs. »