Congé de paternité : bien qu’adopté par le gouvernement, le projet a de nombreux adversaires

Photo: Barbora Kmentová

Les hommes en République tchèque auront probablement droit dans un proche avenir à un congé de paternité de sept jours. Le gouvernement s’est entendu sur le principe mercredi. Durant cette période, les nouveaux pères, qui ne disposent actuellement d’aucun jour de congé supplémentaire suite à la naissance d’un enfant, bénéficieraient des mêmes droits que les femmes en congé de maternité et toucheraient 70 % de leur salaire de base. Prochainement soumis à l’examen des députés, le projet du ministère du Travail et des Affaires sociales fait cependant l’objet de nombreuses critiques.

Photo: Barbora Kmentová
« Le soutien aux familles avec des enfants est très important », a indiqué le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, sur son compte Twitter après la réunion du gouvernement lors de laquelle le projet de sept jours de congé de paternité payés a été approuvé. Cet amendement à la loi relative à l’assurance maladie définit, entre autres, que les pères pourront bénéficier de ce congé supplémentaire durant les six semaines suivant la naissance de leur enfant. Ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová se félicite de cette issue positive en indiquant que celle-ci représente un pas de plus effectué dans le sens d’une politique familiale plus moderne :

« Il s’agit d’une mesure qui est déjà en vigueur dans de nombreux pays européens. Elle a pour objectif notamment de renforcer la relation entre le père et l’enfant, ainsi que de faire participer le père aux premiers soins et à l’éducation des enfants afin que tout ne repose pas seulement sur les épaules de la mère. »

Environ 100 000 enfants naissent chaque année en République tchèque. Michaela Marksová estime que jusqu’à 70 % de leurs pères profiteraient de cette nouvelle possibilité, ce qui coûterait à l’Etat entre 630 et 800 millions de couronnes (entre 23 et 29 millions d’euros) par an. Ces dépenses supplémentaires sont à l’origine du refus répété de la mesure par le ministre des Finances. Andrej Babiš reproche au projet d’être conçu comme une semaine libre qui ne garantit nullement que le père restera bien auprès de la mère et de son enfant pendant la période de congé :

Andrej Babiš,  photo: ČT24
« J’ai été contre peut-être parce que je suis de de la vieille école. Je me souviens que quand j’avais des enfants en bas âge, je me dépêchais de rentrer du travail afin de pouvoir passer les soirées avec eux. »

Avec une semaine de retard due aux négociations avec Andrej Babiš, le projet a été débattu et finalement donc adopté par la coalition gouvernementale. Le texte doit cependant encore être examiné par le Parlement, où il possède également un certain nombre d’adversaires, et pas uniquement dans les rangs du mouvement ANO, la formation dont le ministre des Finances est le leader. L’opposition de droite notamment, représentée par les partis TOP 09 et ODS, entend mettre tous les moyens en œuvre pour manifester son désaccord avec une loi qu’ils jugent « inutile ». Une position qui peut sembler aujourd’hui paradoxale lorsque l’on se souvient que l’ODS avait préparé un projet similaire il y a neuf ans de cela. Chef de l’ODS, Petr Fiala justifie la position de son parti :

« La naissance d’un enfant est un événement qui ne se produit pas si souvent. Rien n’empêche donc un homme de prendre quelques jours de congé si sa femme a besoin d’aide. »

Photo: Barbora Kmentová
Le congé de paternité est un droit dont bénéficient aujourd’hui les hommes dans presque tous les pays de l’Union européenne, à l’exception de la République tchèque, de la Slovaquie et de l’Irlande. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains députés européens appellent à préparer une recommandation qui permettrait d’unifier le principe dans chaque Etat membre.

Outre l’introduction du congé de paternité, l’amendement à la loi relative à l’assurance maladie facilite également l’octroi d’allocations familiales pour les orphelins et apporte certains changements pour les pompiers bénévoles, qui se verraient rembourser 100 % de leur salaire en cas d’arrêt de leur travail à cause d’une maladie conséquence de leurs services rendus. Si le projet est finalement bien adopté par le Parlement et signé par le président, comme cela est probable, il entrera en vigueur en janvier prochain.