Chômage : pourquoi la Tchéquie s’en sort mieux ?

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Le 24 septembre dernier, une conférence portant sur la relative faiblesse du taux de chômage en République tchèque était organisée à l’Institut pour la politique européenne de Prague (Evropeum) en présence de Daniel Münich, professeur du CERGE-EI (Center for Economic Research and Graduate Education – Economics Institute), et de Lenka Zlámalová, analyste pour le site d’information Echo24.cz. Radio Prague les a interrogés pour comprendre les ressorts du chômage en Tchéquie.

Daniel Münich,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Pourquoi le taux de chômage en République tchèque est-il l’un des plus bas en Europe? » - c’est avec ce titre en forme de question susceptible de provoquer de nombreux commentaires qu’a débuté cette conférence longue de deux heures.

Dans la première partie, Daniel Münich a présenté différents graphes et noté la forte croissance de l’espérance de vie en République tchèque ainsi que la baisse du chômage qui, selon lui, est l’un des plus faibles en Europe, 6% selon Eurostat et 7,4% au 31 août 2014 selon l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ). Il s’agit d’un taux inférieurs à ceux constatés dans de nombreux pays de l’ouest de l’Europe et notamment en France et en Italie, où le chômage culmine respectivement à 10% et à 12%, toujours selon Eurostat.

De son côté, Lenka Zlámalová a confirmé ces informations et affirmé que le chômage en Tchéquie était même plus bas que dans des pays nordiques comme la Suède (7,7%), la Finlande (8,7%) ou le Danemark (6,6%) :

« A mon avis le taux de chômage en République tchèque n’est pas très élevé par rapport à d’autres pays. Il faut bien comprendre que nous venons de traverser une récession plus profonde que dans bien des pays européens, suite à la crise économique et financière. Nous entrons maintenant dans un nouveau cycle économique, donc nous pouvons dire que le chômage en République tchèque est bien plus cyclique que structurel. Et certaines tendances observées dans d’autres pays européens sont chez nous moins prononcées. »

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La relative faiblesse du taux de chômage, une donnée contestée par certains économistes qui critiquent des biais au niveau des calculs, peut s’expliquer notamment par un taux d’emploi plutôt élevé en République tchèque puisque 72,5% des personnes en âge de travailler entre 20 et 64 ans étaient employées selon Eurostat, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne des pays de l’UE, à 68,5%. Lenka Zlámanová note qu’il est même largement supérieur à celui de pays comme l’Espagne, la Grèce ou le Portugal. Pour l’analyste du site Echo24.cz, le niveau des allocations aurait également un impact :

« Surtout dans la période après le début de la crise financière en 2008, le nombre de personnes hors de l’emploi a baissé. Différentes enquêtes et sondages montrent que le travail a été valorisé. Cela peut être lié au niveau très bas du minimum vital. Pour les gens longtemps au chômage, il est très difficile de vivre avec aussi peu d’argent et ils sont plus enclins à chercher un travail même si celui-ci ne répond pas vraiment à leur qualification ou est très difficile. »

Le minimum vital s’établit aujourd’hui à 3 410 couronnes (124 euros) par mois en République tchèque où le seuil de pauvreté atteint lui 9 600 couronnes (environ 350 euros). Des intervenants venus de différents horizons, du syndicalisme, du monde politique européen ou encore de la fonction publique, ont contribué à rendre très vivant le débat qui a suivi la conférence.