Cet été, un train présidentiel sillonne la Tchéco-Slovaquie pour les 100 ans de l’Etat commun

Le train présidentiel, photo: Ondřej Tomšů

A l’occasion du centenaire de la fondation de la Première République tchécoslovaque, un train historique formé des voitures qui, depuis 1918 et jusqu’à la présidence de Václav Havel, ont servi à transporter les différents chefs d’Etat tchécoslovaques, est parti de Prague ce jeudi. Jusqu’à son retour dans la capitale tchèque le 2 septembre prochain, ce train spécial sillonnera la République tchèque et la Slovaquie, où il s’arrêtera dans quinze villes.

Le train présidentiel,  photo: Ondřej Tomšů
On se demande bien quand Miloš Zeman a voyagé en train pour la dernière fois, que ce soit pour un voyage officiel en région ou à l’étranger. Longtemps durant cependant, les chefs d’Etat, tchèques comme étrangers, se sont déplacés via le rail. Ainsi, le 21 décembre 1918, soit près de deux mois après la proclamation de la Première République tchécoslovaque, c’est naturellement en train que Tomáš Garrigue Masaryk, accueilli par les légionnaires qui avaient combattu pendant la guerre, était arrivé à Prague, station finale d’un voyage long de près d’un mois depuis les Etats-Unis.

Un modèle de la locomotive à vapeur qui avait alors tracté la rame de voitures de passagers, parmi lesquels donc le premier président tchécoslovaque, fait désormais partie de l’exposition permanente du Musée technique national (NTM) à Prague. Ce n’est cependant pas elle qui tire le « train présidentiel » qui a quitté la gare Masaryk (Masarykovo nádraží) ce jeudi matin. Comme l’explique Michal Novotný, directeur du département ferroviaire du NTM, qui organise ce trajet historique à travers Tchéquie et Slovaquie en coopération avec les sociétés des chemins de fer des deux pays, c’est un peu plus encore en amont de 1918 qu’il faut remonter pour se faire une idée de la composition de ce train :

Le train présidentiel,  photo: Ondřej Tomšů
« Le modèle le plus ancien est la voiture qui était utilisée par l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche. C’est une voiture qui a été construite en 1909 à Prague dans les ateliers de Smíchov et qui fait le lien entre la Première Guerre mondiale et la naissance de la Première République tchécoslovaque. C’est aussi une voiture à bord de laquelle François-Ferdinand avait initialement prévu de voyager en 1914 pour se rendre à Sarajevo. »

Après la guerre et l’effondrement de l’Empire austro-hongrois, cette voiture originellement donc « made in Böhmen » a été récupérée par le nouvel Etat tchécoslovaque :

« La voiture de François-Ferdinand a été rénovée en 1919 et 1920 avec la volonté lors de son aménagement de mettre l’accent sur cet aspect de l’indépendance. C’est en effet une voiture qui avait été héritée de l’Autriche et son intérieur a donc été largement transformé : d’un appartement qui servait aux besoins de l’héritier du trône de l’Empire austro-hongrois, c’est devenu une voiture beaucoup plus austère dans le style du président Masaryk et l’esprit de la Première République. »

Le train présidentiel,  photo: Ondřej Tomšů
Au total, ce sont trois voitures présidentielles, respectivement appelées « Masaryk », « Ferdinand » et « Svoboda », selon leur ordre d’alignement derrière la locomotive bien entendu à vapeur, qui seront exposées au public, comme le précise Michal Novotný :

« La deuxième voiture est une voiture qui a été construite en 1930 spécialement pour les 80 ans de Tomáš Garrigue Masaryk. C’est une voiture qui a été utilisée par les présidents tchécoslovaques jusqu’au début des années 1960, moment où elle a été remplacée par une voiture cette fois de fabrication est-allemande. C’est une voiture qui a été commandée par le président communiste Antonín Novotný et dont se sont ensuite servis les présidents Ludvík Svoboda, Gustáv Husák et Václav Havel. »

Au fil des arrêts, de Prague à Košice, dans l’est de la Slovaquie, en passant par Brno, Bratislava, Nitra, Žilina, Olomouc, Pardubice ou encore Plzeň, le train présidentiel, outre les trois voitures historiques, propose également une exposition dans un autre wagon mis en service en 1931, où documents d’époque et photos illustrent près d’un siècle de voyages en train des hommes d’Etat tchécoslovaques : par exemple le retour à Prague d’Edvard Beneš en mai 1945 à la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe ou l’expédition du Premier secrétaire du Parti communiste Alexander Dubček à Čierna nad Tisou, près de la frontière alors tchécoslovaco-soviétique, en juillet 1968 pour y rencontrer Léonid Brejnev, un mois avant l’écrasement du Printemps de Prague. Avis donc aux nostalgiques, amateurs d’histoire ou simples ferrovipathes…

Le train présidentiel,  photo: Ondřej Tomšů