Bruno Dumont invité à Prague pour le Febiofest

'Hadewijch'

Le festival Febiofest propose en ce moment à Prague 185 films de 57 pays différents. Parmi les invités cette année, le réalisateur français Bruno Dumont, venu présenté son dernier film, Hadewijch, dans lequel il fait à nouveau jouer des acteurs non professionnels:

Bruno Dumont,  photo: www.febiofest.cz
Etes-vous pour la première fois à Prague ?

« Non, je suis déjà venu une rétrospective de mes films qu’ils ont organisé il y a deux ou trois ans. »

Comment trouvez-vous le Febiofest ?

« Ce sont ici des cinéphiles, des gens qui connaissent le cinéma et qui ont une certaine exigeance de ce que doit être le cinéma et ceux que je rencontre ici sont très en guerre contre la médiocrité du cinéma commercial qui nous pourrit la vie. Ils ont une certaine idée du cinéma comme un art et sont donc très attentifs à tous les cinéastes qui sont des artistes de cinéma et pas des commerçants. »

'Hadewijch'
Quelle est la question que vous posent le plus souvent les journalistes ?

« Je pense que c’est la question sur les acteurs non professionnels. Même quand je vais dans des écoles de cinéma à Moscou ou à Tokyo, on me demande toujours : ‘comment vous faites pour diriger ces gens-là ?’. C’est très difficile, par exemple avec Julie Sokolowski pour ce film. A la base ce n’est pas une actrice, mais ce qu’elle fait est extraordinaire. Elle accomplit un travail qu’une comédienne professionnelle serait incapable de faire. C’est le résultat d’un travail. Au début du film elle n’arrivait même pas à parler, à dire ne serait-ce que trois mots. Vous pouvez flipper en vous disant que vous n’allez jamais y arriver, mais en même temps je n’ai pas eu peur, elle a fini par réussir à parler.

'Hadewijch'
Un réalisateur normal vous dirait qu’il ne travaillera pas avec elle parce qu’elle ne sait pas parler. On finit par aimer son éveil. Au début tous ces comédiens ont peur, ils tremblent, ça se sent qu’ils ont peur. Donc ça vous touche, et le cinéma c’est quand même un principe d’identification. Vous vous identifiez naturellement avec les personnages que vous voyez. On est bercé par la pitié. Elle, on a envie de l’aider parce qu’elle est très fragile, et mon métier est de sentir que quelqu’un a un ‘truc’. »