Bohumil Vazac, héros tchèque, Compagnon de la Libération, est mort

Bohumil Vazac

C'est l'un des derniers héros reconnus de l'Armée du Général de Gaulle qui est décédé ce mardi 22 juillet. Bohumil Vazac, colonel en retraite qui a combattu durant la Deuxième guerre mondiale dans les rangs de la Légion Etrangère, s'est éteint à Châlons-en-Champagne, à l'âge de 89 ans. En 1945, il avait notamment été décoré de la Croix de la Libération, avant d'être fait également commandeur de la Légion d'honneur.

"Il est né en 1913 en Tchécoslovaquie (alors encore Empire d'Autriche-Hongrie, ndlr), il est militaire de carrière jusqu'au moment du démantèlement de la Tchécoslovaquie par les armées allemandes. A ce moment-là, en mars 1939, Bohumil Vazac décide de quitter la Tchécoslovaquie en passant par la Pologne pour rejoindre la France. Son idée est de continuer à se battre. Il ne s'agit pas d'une fuite, mais, au contraire, de trouver un moyen de continuer le combat. Arrivé en France en juin 1939, il n'a qu'une solution en tant que Tchécoslovaque : s'engager dans la Légion Etrangère française. Quelques mois plus tard, il est affecté à l'Armée tchèque en France, puisque, à partir d'octobre 1939, le gouvernement français a favorisé la reconstitution de l'Armée tchèque. Cette Armée tchèque va être composée des ressortissants tchécoslovaques qui vivent en France depuis plusieurs années et des gens qui sont évadés de Tchécoslovaquie comme Bohumil Vazac. Environ 12 000 hommes forment cette armée, ce sera la 1ère division tchécoslovaque qui sera, elle-même, constituée de deux régiments d'infanterie. Bohumil Vazac est affecté au 1er RI et avec cette unité-là, il va participer à la campagne de France. Il va recevoir trois citations au moment de la bataille de France dans l'intervalle de juin 1940 ; à la suite de quoi, il va être évacué vers l'Angleterre à la fin du mois de juin 1940 avec des rescapés de l'Armée tchèque - environ 4000 hommes qui passent par Gibraltar et rejoignent l'Angleterre. C'est à ce moment-là que Bohunil Vazac va s'engager dans les Forces françaises libres et retrouver son affectation à la Légion Etrangère française, à la fameuse XIIIe demi-brigade de Légion Etrangère avec laquelle il va faire toute la guerre jusqu'en 1945. D'abord, la campagne de Lybie, notamment avec la bataille d'El Alamein, ensuite la campagne de Tunisie au début de l'année 1943, et c'est à ce moment-là que Bohumil Vazac, qui était officier, est promu capitaine de la XIIIe demi-brigade de Légion Etrangère. Il participe ensuite à la campagne d'Italie à partir de mai 1944 - où il sera blessé d'ailleurs, et après le mois d'août, il va débarquer en France pour toute la reconquête du territoire français. Il va faire ainsi la campagne de la libération de la France jusqu'en mai 1945. La guerre s'achève, et en 1946, il rejoint la Tchécoslovaquie où il reprend sa carrière d'officier dans l'Armée tchécoslovaque. Il aura quelques problèmes avec le régime communiste, ce qui lui vaudra d'être exclu de l'Armée. Finalement, il fera le choix de revenir en France en 1958, où il travaillera dans le secteur privé, mais il sera réhabilité ensuite, en 1992, dans son pays comme colonel à titre exceptionnel, et l'an dernier, il a été décoré de la Croix du Mérite de la République tchèque ».

« A mon avis, ce qui caractérise Bohumil Vazac, c'est surtout qu'il a manifesté toute sa vie une volonté absolue de refuser la défaite. Lorsque son pays s'est retrouvé envahi en 1939, il a rejoint la France pour continuer le combat, puis lorsque la France elle-même a été envahie, il a rejoint l'Angleterre, à nouveau dans l'idée de reprendre le combat pour participer à la libération de l'Europe ».