Biennale de Lyon : « Les jeunes artistes tchèques se préoccupent de leur histoire »

Exposition d’Eva Koťátková

Depuis le 15 septembre et jusqu’à la fin décembre se déroule la Biennale d’art contemporain de Lyon. Cette année, des artistes tchèques y sont également présentés. Radio Prague s’est entretenu avec Thierry Raspail, directeur artistique de la Biennale qui lui en dit plus sur cette 11e édition :

Exposition de Milan Grygar
« La Biennale de Lyon a été créée en 1991. Elle s’organise autour d’une exposition internationale. Le dialogue autour de l’organisation de la biennale commence toujours par un mot qui vaut pour trois éditions de la biennale. Ce sont toujours des mots très larges, très génériques. Là, le mot c’est ‘transmission’. Ce n’est pas un thème mais un point de départ de dialogue avec les commissaires de la biennale, c’est cela qui constitue l’ossature du principe de narration. »

Vous exposez quelques artistes tchèques à la Biennale. Qui sont-ils et en quoi leur travail s’articule-t-il à ce mot ?

« Il y a un secteur, le cœur de l’Europe, qui est très important à mon sens et qui a été un peu négligé pour de multiples raisons. L’idée était de revenir au cœur de cette Europe centrale parce qu’il y a eu des artistes absolument formidables qui pour des raisons historiques ne sont pas à la hauteur de ce qu’il devrait être dans la mémoire. Je fais allusion par exemple à Milan Grygar, qui fait réellement partie de l’histoire de l’art. Il intervient dans une relation avec la ligne, soit un travail qui relèverait plutôt du dessin mais aussi de l’univers sonore. Il crée des trames, des grilles qui sont de petits mondes qui révèlent une immense complexité. Mais nous avons aussi Eva Kotátková, une artiste merveilleuse d’une génération beaucoup plus jeune. Elle a réalisé une très belle installation qui occupe un peu plus de 100m2. Eva travaille sur tout ce qui dans le monde représente des contraintes que le corps est amené est affronté. »

Exposition d’Eva Koťátková
J’aimerais revenir sur l’idée de transmission. Ces jeunes artistes tchèques, comme Eva Koťátková ont, contrairement à leurs aînés, la chance de voyager, de communiquer avec des artistes de leur génération. Malgré cela, pensez-vous que ces jeunes artistes ont été marqués par le passé de leur pays ?

« Cela dépend évidemment des artistes, mais globalement ce qu’on observe dans la génération Internet, ces jeunes qui ont entre 18 et 40 ans, qui ont toujours connu ces phénomènes de réseau, c’est justement une tentative d’oubli de l’histoire. Chez ces artistes on observe au contraire cette volonté de ne pas oublier. Je pense que l’histoire de cet enfermement dans l’Europe centrale est très importante car une grande partie des artistes se préoccupent de cette histoire. Il y a dans cette histoire de l’Europe centrale des germes formidables car c’est toute la modernité qui y est née dans les années 1910. Je crois qu’on est là dans une histoire du devenir et c’est formidablement bien porté et soutenu notamment par les jeunes tchèques. »