Avant l’investiture de Barack Obama : le nouveau président américain vu de Prague

Barack Obama, photo: CTK

L’investiture de Barack Obama, c’est pour ce mardi. Qu’est-ce que la nouvelle administration américaine va signifier pour la République tchèque, pendant qu’elle préside l’UE ? Quel est la position du nouveau locataire de la Maison blanche sur le projet de bouclier antimissile entamé par son prédécesseur ?

Barack Obama,  photo: CTK
« Je ne veux pas d’un espace militarisé, » telles étaient les paroles du candidat Barack Obama évoquant les réductions des dépenses militaires pendant sa campagne pour la présidence américaine. Mais le conflit en Géorgie de cet été a changé la donne, et depuis, le discours du nouveau président américain élu s’est infléchi.

Comme le résumait bien un commentateur politique tchèque au lendemain de la victoire d’Obama : le Premier ministre tchèque Mirek Topolánek voit le nouveau locataire de la Maison blanche comme un partisant de la défense antimissile, Jiří Paroubek, le chef de l’opposition social-démocrate voit par contre en lui un opposant à la politique extérieure de George W. Bush. Finalement, ces deux appréciations ne sont pas très loin de la réalité et les deux positions ne sont pas incompatibles.

Barack Obama a plusieurs fois insisté sur la nécessaire coopération internationale. Coopération internationale, cela veut dire aussi avec la Russie qui, on le sait, pourfend le projet de base radar en Europe centrale. La semaine dernière, Michele Flournoy, qui va occuper un haut poste au ministère de la Défense, déclarait que Barack Obama allait « réévaluer » les plans du bouclier antimissile, en tenant compte de la position des Russes. Mais pas d’abandon du projet en vue, pour autant. En tout cas, côté tchèque, on se refuse à même envisager cette éventualité. Si l’élection de Barack Obama représente une rupture à bien des égards, difficile d’imaginer revenir entièrement sur des accords négociés et signés avec Prague. C’est ce qu’estimait pour sa part le politologue Břetislav Dančák au lendemain de la victoire démocrate :

« Je pense que c’est la ligne traditionnelle des démocrates qui va s’imposer. Ils sont plutôt économes dans le domaine de la défense, néanmoins cela ne signifie pas enterrer des projets de longue date. Et la défense antimissile fait partie de ceux-ci. Dans le cas d’Obama, je pense que des économies vont se faire, mais je ne crois pas que cela veuille dire l’arrêt de ce projet. D’ailleurs Obama lui-même a souvent déclaré que la défense antimissile était importante pour assurer la sécurité des Etats-Unis et des alliés. »

Barack Obama,  photo: CTK
Car Obama entend rompre avec l’unilatéralisme de son prédécesseur : l’occasion de renforcer les liens des Européens avec Washington, des liens qui ont pu être tendus et objets de divisions au sein de l’UE, sous la présidence Bush. Une position qui ne peut donc que convenir aux Tchèques, très américanophiles surtout depuis les années de communisme. Mirek Topolánek l’a d’ailleurs rappelé lors de son discours devant le Parlement européen à Strasbourg le 14 janvier dernier : pour lui, l’avenir de l’Europe se jouera également dans sa relation avec les Etats-Unis. Des paroles atlantistes qui n’ont peut-être jamais autant résonné au sein de l’hémicycle européen mais qui tombent à pic à l’heure où un certain consensus semble régner quant à l’appréciation du nouveau président américain élu.

En attendant, Mirek Topolánek espère que Barack Obama répondra favorablement à son invitation à se rendre à Prague au printemps prochain : les Tchèques souhaitent en effet organiser le prochain sommet informel Etats-Unis-Europe sur leur sol, à la même période que le sommet de l’OTAN d’avril à Strasbourg-Kehl.