Après la marche républicaine, le gouvernement tchèque déterminé à lutter contre le terrorisme

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Ce n’est pas seulement la France qui a été visée la semaine passée par les attentats perpétrés à la rédaction de Charlie Hebdo et dans une supérette casher à Paris, mais également les valeurs qui fondent nos sociétés européennes, la liberté d’expression et donc la liberté elle-même. La République tchèque a donc elle aussi voulu exprimé sa solidarité. Son premier ministre et son chef de la diplomatie ont participé à la marche républicaine organisée dimanche à Paris tandis que plus de 3,7 millions de Français manifestaient dans les rues de leur pays.

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Plus de cinquante chefs d’Etat du monde entier ont participé à la marche républicaine, qui a rassemblé près d’un million et demi de personnes dimanche à Paris, la capitale française étant devenue pour l’occasion la « capitale mondiale de la lutte contre le terrorisme » selon de nombreux médias. Présents également dans les rues de la capitale française, le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka et le chef de la diplomatie tchèque Lubomír Zaorálek se sont joints au cortège des familles et des proches des victimes, aux côtés d’autres représentants politiques. Le chef du gouvernement a souligné l’importance symbolique de la présence de représentants « de pays orientaux et de pays arabes » lors de cette immense mobilisation. A propos de l’atmosphère des rues de Paris, le chef du gouvernement tchèque a fait part de ses impressions :

« Il est important que les personnes ne se laissent pas intimider. Ce qui m’a agréablement surpris, c’est le fait que les Français, qu’ils soient dans les rues ou à leurs fenêtres, ont accueilli de façon très intense la participation des représentants venus de l’étranger. »

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Le Premier ministre a notamment réitéré la volonté de la République tchèque de lutter contre la haine, le fanatisme, le terrorisme et tout autre forme de violence. A l’heure actuelle se pose alors la question d’un combat conjoint plus efficace contre ce fléau du XXIe siècle qu’est le terrorisme. A propos des éventuels bouleversements que l’Union européenne pourrait subir à l’avenir, suite à ces évènements tragiques, le ministre de l’Intérieur tchèque, le social-démocrate Milan Chovanec, a fait savoir :

« Je crois que l’Europe occidentale change continuellement depuis plusieurs années. Les menaces, qui se sont concrétisées en France, ne sont pas inconnues et ne sont pas nouvelles. Je crains que cette situation puisse se répéter. Ce qui va changer, c’est à la fois le renforcement de la coopération des services de renseignements, le partage des informations, ainsi que la défense des Etats membres contre ce phénomène. Il est alors nécessaire de coopérer de façon encore plus étroite. Le terrorisme est un crime international, c’est pourquoi les opérations des services de sécurité doivent disposer de renseignements de caractère international. »

A la question de savoir si les dispositifs de sécurité seront renforcés en République tchèque, le ministre de l’Intérieur Milan Chovanec a indiqué :

Milan Chovanec,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Je voudrais de nouveau assurer à la société tchèque que nous ne disposons d’aucun élément indiquant qu’un danger menacerait tchèque à l’heure actuelle le territoire de la République. D’un autre côté, nous ne voulons pas nous endormir sur nos lauriers. Nous analysons soigneusement la situation. Nous sommes en contact permanent avec nos collègues, non seulement européens, mais aussi ceux des États-Unis et des pays arabes. Nous surveillons chaque personne qui arrive en République tchèque, et chaque danger potentiel. »

Un incident touchant la communauté musulmane en République tchèque s’est déroulé au printemps de l’année dernière. Des policiers de l’Unité de lutte contre la criminalité organisée (ÚOOZ) avaient perquisitionné les locaux d’une mosquée à Prague et interpellé un Tchèque soupçonné d’avoir distribué un livre à caractère raciste et xénophobe. De nombreuses protestations se sont élevées par la suite au sein des rangs de la communauté musulmane en République tchèque protestant contre une perquisition jugée inappropriée, dans la mesure où des centaines de personnes, dont des diplomates indonésiens, participaient au même moment à une prière collective. Le ministre de l’Intérieur Milan Chovanec a souhaité indiquer :

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« Concernant la communauté musulmane en République tchèque, je veux signaler que nous nous trouvons dans une situation particulière, dans la mesure où la communauté musulmane en République tchèque est sereine et s’est formée dans d’autres conditions qu’en France ou en Allemagne. Après, nous ne pouvons pas exclure la possibilité que des individus d’une quelconque communauté prennent part à des activités illégales. Lors de l’intervention du début de l’année dernière, la police est intervenue dans son bon droit. A l’époque, ce qui faisait débat c’était la forme et non pas l’intervention en elle-même, laquelle est survenue après décision du procureur, donc de la Cour. »

Le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, ont indiqué leur souhait de renforcer les moyens des différents services de renseignements, de même que leur coopération. Précisons qu’en hommage aux victimes des attentats, des rassemblements de solidarité ayant réuni près de 1 000 personnes se sont déroulés ce samedi et ce dimanche devant l’ambassade de France à Prague.