Après la chute d’une passerelle, Prague rouvre le débat sur l’état de ses ponts

La passerelle de Troja, photo : Štěpánka Budková

L’effondrement d’une passerelle sur la rivière Vltava au nord de Prague suscite un vif débat sur la sécurité des ponts pragois. Suite à cet incident survenu samedi en début d’après-midi et qui a fait quatre blessés dont deux graves, des experts mettent en garde contre l’état alarmant de nombreux ponts et passerelles de la capitale tchèque. La municipalité dit préparer différents contrôles de sécurité.

La passerelle de Troja,  photo : Chmee2,  CC BY-SA 3.0
Construite par le célèbre ingénieur tchèque Jiří Stránský et destinée uniquement aux piétons et aux cyclistes, la passerelle suspendue en béton, mesurant 256 mètres de long sur 3,8 mètres de large, reliait depuis 1984 le parc de Stromovka et l’île impériale (Císařský ostrov) au quartier de Troja, dans le VIIe arrondissement de la capitale tchèque. Bien que la cause exacte de sa chute reste pour l’instant inconnue et fasse l’objet d’une enquête policière, le mauvais état de l’édifice, endommagé par les inondations en 2002 et 2013, était souvent pointé du doigt.

Dans son rapport sur l’état des ponts pragois élaboré en 2011, l’Administration technique des communications (TSK) avait estimé la durée de vie de ce petit pont entre cinq et sept ans. Une analyse de la TSK effectuée en mars 2016 a à nouveau rappelé l’état alarmant de la passerelle. En raison de ces nombreux avertissements, la passerelle de Troja, qui devait être remplacée par un nouveau pont d’ici 2020, faisait deux fois par an l’objet de vérifications détaillées ; le dernier contrôle de sécurité remontant à seulement trois semaines. De plus, le pont était placé sous contrôle électronique et ses résultats étaient vérifiés toutes les deux minutes par des experts.

La passerelle de Troja,  photo : Štěpánka Budková
D’après la société Pontex, responsable de l’entretien de la passerelle, les capteurs n’ont toutefois enregistré aucune déviation de la construction. A 13h16, moins de deux minutes avant la chute, tout semblait être en ordre. C’est d’ailleurs ce que confirme également le directeur de la TSK, Petr Smolka :

« Nous n’avons pas eu d’indice d’un quelconque problème technique, voire d’un possible effondrement. L’état de la passerelle n’était pas bon mais la construction ne manifestait pourtant pas de risque d’effondrement. Rien n’indiquait que le pont aurait dû être fermé au public. »

Selon l’adjoint de la maire de Prague, le social-démocrate Petr Dolínek, les quatre personnes blessées recevront des indemnisations financières. Par ailleurs, la construction d’une nouvelle passerelle est prévue dans les mois à venir.

Petr Dolínek,  photo : Jana Trpišovská,  ČRo
L’accident a suscité un vif débat sur la sécurité des ponts pragois. A en croire le rapport de l’Administration technique des communications pour 2016, jusqu’à cent ponts et passerelles de la ville seraient dans un mauvais état. Ces derniers jours, les dirigeants de la métropole font l’objet de nombreuses critiques de la part des partis de l’opposition leur reprochant le sous-financement du secteur. Une idée à laquelle s’oppose Petr Dolínek :

« Nous avons investi, depuis 2014, environ 1,25 milliard de couronnes, près de 50 millions d’euros, dans la construction et l’entretien des ponts de la ville. Nous allons prochainement contrôler tous les ponts construits à l’aide de cette même technologie, puis également tous les autres ponts de Prague. »

A l’heure actuelle, Prague envisage de fermer de manière préventive la passerelle de Radotín, au sud de la ville, et l’accès aux piétons sera interdit sur le pont ferroviaire traversant la Vltava à partir du 15 décembre. D’importants travaux de reconstruction sont prévus également pour le pont de Hlávka, constitué de deux parties qui enjambent la rivière et l’île de Štvanice, et le pont de Barrandov, une importante voie de circulation routière.

L’accident ferroviaire de Studénka,  photo : Jiří Karlík,  CC BY 2.0
Les effondrements des ponts et passerelles en République tchèque sont généralement la conséquence des inondations qui fragilisent leur construction. L’une des plus grandes tragédies liées à la chute d’un pont dans l’histoire de la République tchèque a été l’accident ferroviaire de Studénka, dans la région de Moravie-Silésie. Le 8 août 2008, le train Eurocity Comenius reliant Cracovie à Prague s’était écrasé contre un pont en réparation dont une partie s’était effondrée sur la voie. L’accident avait fait huit morts et une centaine de blessés. En 2014, un pont routier en travaux s’était aussi effondré dans la commune de Vilémov, dans la région de Vysočina, et avait tué quatre personnes, englouties sous les décombres.

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