Affaire Cambridge Analytica : les Tchèques perdent confiance en Facebook

Photo: Thomas Ulrich, Pixabay / CC0

Les répercussions de l’affaire Cambridge Analytica atteignent aussi la République tchèque. Dans un récent sondage commandé par la Radio publique tchèque et réalisé par l’agence Median, 55% des Tchèques disent vouloir mieux contrôler leurs données sur Facebook. 17% d’entre eux envisagent même de quitter le célèbre réseau social.

Photo: Thomas Ulrich,  Pixabay / CC0
Pour ceux qui n’ont pas suivi l’actualité internationale ces derniers temps, on rembobine. Le 18 mars dernier, le New York Times et le Guardian publient une information explosive. Selon eux, la société britannique Cambridge Analytica a profité des largesses sécuritaires de Facebook pour collecter les données personnelles de plusieurs millions d’Américains. Pilotée notamment par Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, la société aurait mis à profit ces données pour cibler au mieux la campagne de celui qui n’était alors que candidat à l’élection présidentielle américaine mais aussi celle des partisans du « leave » lors du Brexit. Résultat, Facebook est montré du doigt pour son incapacité à protéger les données de ses utilisateurs et sa capacité à influencer une élection.

Dans une récente vidéo tournée en caméra cachée par la chaîne britannique Channel 4, les dirigeants de Cambridge Analytica se vantent d’avoir travaillé pour plus de 200 élections dans le monde notamment au Nigeria, en Inde et en République tchèque. Christopher Wylie, l’ancien directeur de recherche de Cambridge Analytica grâce auquel le scandale a pu être connu, en dit plus sur le rôle des données et leur collecte.

« Les données sont notre nouvelle électricité. Ce sont un outil. Vous pouvez avoir un couteau sur la table qui peut servir un repas étoilé au Michelin ou à commettre un meurtre. Et c’est le même objet. C’est la même chose pour les données. Ce qui étonne les gens c’est que Facebook ne collecte pas uniquement ces données sur Facebook. Facebook a aussi accès aux contacts de votre téléphone et à votre activité dessus. Facebook collecte beaucoup de choses. Si vous regardez les conditions d’utilisation de ces applications, vous verrez que beaucoup sont autorisées à enregistrer votre voix sur votre téléphone. »

Daniel Prokop,  photo: Jan Bartoněk,  ČRo
Malgré les récentes excuses de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, cinquième fortune de la planète, la pilule ne passe pas pour certains utilisateurs comme le montre ce sondage réalisé par l’agence Median pour la Radio publique tchèque. A en croire celui-ci, 55% des utilisateurs tchèques de Facebook seront plus prudent sur le partage de leurs données avec le réseau social. 17% d’entre eux envisagent même de quitter Facebook. Un mouvement intitulé #deleteFacebook (littéralement #supprimerFacebook) a vu le jour sur Twitter. Malgré les annonces du géant américain pour éteindre l’incendie et promettre plus de sécurité, la réaction des utilisateurs pourrait bien avoir des conséquences pour le réseau social comme l’explique Daniel Prokop, de l’agence Median.

« Mais de toute façon, le fait que vous perdiez confiance dans ce réseau social et que vous commenciez à vous y comporter de façon moins hardie et plus précautionneuse, cela peut avoir pour conséquence de rendre la communication sur Facebook plus ennuyeuse. Cela peut changer le caractère du réseau social ou bien renforcer le mouvement vers d’autres réseaux sociaux, vers Instagram, vers d’autres formes de sites. »

Des utilisateurs qui pourraient décider de migrer vers Instagram donc qui a été racheté en 2012 par… Facebook.